À LA DÉCOUVERTE DE L’ULTRA-TRAIL : DU MORVAN À L’UTMB !
Aujourd'hui, on vous propose de découvrir l'ultra-trail, ce sport si mystérieux qui se pratique sur des distances et des durées impressionnantes. Expérimenter par de plus en plus d’adeptes, en tout cas dans les version les plus courtes, en France et à l’étranger nous avons décidé de nous y intéresser. Pour se faire, nous avons rencontré Benjamin Degreve, Morvandiaux pure souche et ultra-trailer passionné de nature et de challenges, le ton est donné, c’est au calme d’un chalet dans le Morvan qu’il nous accueille. Le but, vous donnez envie de peut-être vous y essayer, et surtout de vous surpasser ! Découverte en immersion.
L’ultra-trail, c’est quoi ?
Un ultra-trail, c’est une course à pied en pleine nature. Généralement, en milieu naturel (forêt, plaine, montagne) sur de très longues distances souvent supérieure à 80 km, même si les distances ne sont pas toujours normalisées. « C’est presque une méditation, on est face à soi-même, et je ne connais pas d’autres activités égale à celle-ci », le parcours y est généralement balisé.
« Pour pratiquer l’Ultra-trail, une chose est sûre, il faut aimer la nature, aimer le corps humain, et cela nécessite de bien se connaître, de comprendre le fonctionnement de son corps. Le plus difficile étant de bien organiser ses entraînements, gérer son repos, la répétition des gestes et des mouvements. »
Pour Benjamin, ultra-trailer depuis 2019, « l’entraînement optimal, c’est arriver le jour de la course, avec une sensation de confort et de plaisir à l’idée de commencer, savoir que l’on va en baver mais prendre aussi du plaisir et surtout qu’on est prêt à affronter le parcours car c’est un vrai moment d’isolement, une conversation a soi a trois, son meilleur ami, son pire ennemi et soi ».
« On ne naît pas ultra-trailer, on le devient, il y a des étapes à franchir. On augmente au fur et à mesure les distances, et quand on est capable de passer un certain stade, on est en pleine connexion avec soi-même. Cela devient un besoin, une nécessité, on se pose parfois la question de savoir pourquoi on est là, mais à la toute fin de l’épreuve, on a toujours des réponses. »
La récupération et le repos font partie intégrante de l’entraînement, et pour cela, la particularité de Benjamin ce sont les bains en eaux froides, il les pratique surtout l’hiver, en pleine nature, le plus souvent dans des rivières. « L’idée est d’offrir aux muscles un accompagnement qui permet de les soulager et aussi un rééquilibrage énergétique, cela vient également compléter la préparation mentale.»
Le Trail, c’est une course contre soi-même, le but n’est pas d’être premier et ça, Benjamin l’a bien compris, il nous avance qu’il ne le fais pas pour la gloire du classement mais avant tout pour se sentir vivant. « Il y a évidement des premiers, souvent je les regarde toujours ébloui, mais moi les classements déjà à l’école, je n’aimais pas ça.. »
Mais alors qui peut participer et comment ?
Sur le principe, c’est un sport ouvert à tous, qu’on soit jeune, un peu plus vieux, novice ou habitué à l’effort sportif, c’est la préparation qui prime et la discipline dans la volonté surtout. « Quand on parle d’ultra-trail, souvent les gens nous répondent qu’on est fous, mais c’est tout le contraire. C’est une activité très réfléchie et calculée. Sans préparation, on ne peut pas y arriver, cette gestion du temps effort/repos est ultra importante » nous confirme Benjamin, qui a commencé il y a quelques années avec Morvan Oxygene Trail (son premier moyen), l’Echappée Belle et le Swiss Canyon Trail entre autres. Il continue donc naturellement la préparation sur son terrain de jeu natal, le Morvan. Car oui, il n’y a pas nécessairement besoin de montagnes pour pratiquer le trail même si « quand on fait des ultra, il est nécessaire que notre entourage l’accepte, les entraînements sont très longs, on doit aller s’entraîner sur un terrain propice, cela a aussi un coût et c’est beaucoup de temps et d’énergie. »
Aujourd’hui, il se prépare pour la célèbre course CCC de L’UTMB crée en 2003, comprenez, Courmayeur IT, Champex CH, Chamonix FR de L’Ultra-trail du Mont Blanc qui se déroulera cette année du 22 au 28 août. En tout, c’est plus de 100 km pour 6100 mètres de dénivelé positif au départ de Courmayeur, en semi-autonomie pour un maximum de 26h30 de course. On y participe sur tirage au sort, et en ayant accumulé des points au fil des différentes courses tout au long de l’année. « Le principe est simple, on gagne des points sur des courses plus ou moins équivalentes et on s’inscrit à un tirage. Quand on a de la chance, on le fait la premier année, sinon on est comme moi, on attend 3 ans ! »
« Je cours avec le minimum d’équipements c’est-à-dire une paire de bâtons, parfois non, et des chaussures adaptées, ce qui coûte le plus cher en définitive, après c’est un short et un tee-shirt, le matériel nécessaire à l’hydratation et à l’alimentation, des vêtements chauds, de pluie. Je suis un de ceux qui cherchent à ne pas trop se surcharger. Le poids du sac est décisif lors de ces grandes traversées. J’utilise un sac de 10 litres environ. »
Lors de ces grandes traversées extraordinaires, qui demandent de l’énergie et un certain sefl-control, les trailers peuvent parfois avoir une assistance pour aider sur les ravitaillements, pour un coup de main, un imprévu ou simplement pour le plaisir de voir un sourire connu. Elle n’est pas impérative mais « c’est un confort des plus sacrés, voir quelqu’un qu’on connaît, un visage familier pendant la course, cela procure beaucoup de sensations, ça soulage les maux, ça booste, ça permet parfois de parcourir les derniers kilomètres qu’il nous manque. Toute votre inquiétude est également celle de vos accompagnants, sauf qu’eux, vous ne le montrent pas et mieux encore, ils trouvent encore les mots pour vous faire continuer, et ça, c’est puissant ! Quand vous commencez à voir des brochets sortir des roches, croyez moi, l’assistance prend tout son sens.»
Il semble également nous expliquer qu’il y a des stratégies de courses, propre à chacun, qui comprennent notamment une bonne alimentation, hydratation, sucrée et salée. « C’est très compliqué pour s’alimenter, je suis plus à boire de l’eau tout le long puis me saler ou me sucrer indépendamment en fonction de mes besoins. Ce n’est pas facile de trouver son régime idéal. »
« Damien Duhayer et Thierry Blouet m’accompagneront sur cette épreuve, ils ne vont pas me porter hein ! (rires) mais rien que le fait d’être soutenu par des personnes qui savent, comme eux savent et qui connaissent les coulisses des ultra-trails, c’est réconfortant et je n’aurai pas envie de les décevoir. Il m’arrive de croire, qu’ils vivent le truc autant que moi. Nous nous sommes vu récemment, j’ai l’impression qu’ils vont autant courir que moi (rires !) C’est pour moi une fierté de les avoir à mes cotés. Les accompagnants, les compagnes, les compagnons, vivent la course à travers le coureur, ils participent à ses doutes, ses maux, à son état d’esprit, c’est là que cela devient important de bien choisir son assistance et je les remercie du fond du coeur, ils sont mon luxe pour la CCC. »
Quand nous avons demandé à Benjamin Degrève où il puisait sa motivation et son inspiration dans l’effort, nous avons tout de suite ressenti toute la simplicité de sa démarche : « Je ne suis pas trop de sportifs sur les réseaux, comme on suit une équipe de foot de façon fanatique. Il y a en effet 2/3 personnalités dans l’out-door qui me fascinent. Je citerais Kilian Jornet, pour moi, il est vraiment à part, j’ai le sentiment qu’il est né ultra-trailer. Mike Horn, bien évidemment, toujours à la recherche de sensations fortes et de dépassement de soi. Il est, selon moi, très inspirant dans cette démarche.
» Il y a aussi Benoît Girondel, j’aime sa façon de pratiquer le trail, c’est agréable de voir des mecs qui en bavent mais qui gardent le sourire. Mais il y en a plein, Tim Tollefson, François D’Haene, Xavier Thevenard, je ne vais pas tous les citer. Je pense à Dachhiri Dawa Sherpa, un personne d’une sagesse incroyable… J’ai, par ailleurs, récemment croisé et bavardé avec Hugo Deck, un jeune homme de 22 ans, gentil, simple. Il prend le temps de discuter et même s’il est déjà très fort, il accepte d’avoir encore des choses à apprendre, il a beaucoup d’humilité, il va rapidement devenir l’exemple à suivre, j’en suis certain ! Et je ne vous parle pas des femmes, qui m’impressionnent à chaque fois, vous avez Courtney Daulwalter, Camille Bruyas… Ceux sont ces personnes qui m’inspirent.. ! ».
Pour l’inspiration, il aura été clair, mais pour la motivation ? « La motivation ? Ce n’est pas le truc des gens qui ne font jamais rien ? (rires) Déjà, il faut avoir envie de le faire et une fois que vous avez envie, c’est un bon début, vous n’avez plus qu’a trouver un objectif, personne ne vous force quand vous avez envie, c’est du plaisir et la motivation disparaît, cela devient évident de s’entraîner. J’ai croisé dernièrement une femme qui se prépare pour son premier 10 km, à 47 ans et bien je trouve cela formidable, que chacun puisse se trouver son défi et la taille de son défi, et ne dépendre de personne d’autre que soi. »
« Pour connaître ses limites, il faut essayer et se surpasser, la récompense est la clé »
Nous avons essayé d’évoquer avec lui, un peu plus que l’ultra, notamment, comment il a réellement commencé, puis dans la conversation, nous nous sommes rendu compte que le sujet qui l’intéressait le plus était de nous parler des paysages, mais là encore une fois, ce n’est pas si simple: «J’ai commencé comme beaucoup par un pied devant l’autre, puis j’ai répété ça plusieurs fois, l’infini a toujours un point de départ je crois, en tout cas, le Trail permet de voir de beaux paysages, même si nous sommes d’accord qu’il y en a partout, mais prenez un paysage que vous couplez à l’effort fourni pour l’attraper. Je vous promets que la récompence est belle… Je peux vous raconter cela durant des heures, mais il faudrait surtout que je vous emmène avec moi, c’est aussi pour cela que je fais parfois des retours écrits, pour ceux qui soutiennent inconditionnellement mais qui restent sur place, ces encouragements comptent autant que tous les autres ! J’essaie de leur donner tout de mon souvenir, mais le paysage, c’est un truc très complexe à raconter, comment raconter les animaux, les lacs d’altitudes avec icebergs, la roche lunaire, la roche noire. Dernièrement, je suis monté au Mont Buet, à 3100m d’altitude, c’était dingue ! J’étais avec Thomas Michas, un ultra-trailer en devenir, et, nous nous sommes fait la même réflexion, comment veux-tu raconter cela aux autres en rentrant ? Il faut le voir en vrai… Il n’y pas de mots pour décrire un nuage qui percute la montagne, renvoyant sa vapeur, sa puissance vers le ciel en sortie de combe… C’est impossible d’expliquer le ressenti lorsque, sur une crête où vous courez, vous traversez un autre nuage, bien installé, vous savez ce qu’il a de chaque coté de la crête, mais vous ne le voyez pas, le vide, voilà ce qu’il y a, le vide et des montagnes à perte de vue ! Et les lacs, on en parle ? Bleu, vert, miroir, prenez le lac du vieux Emosson, turquoise, tellement turquoise que des personnes pensaient que j’avais retouché la photo quand je l’ai montré. » Si lui a du mal à décrire ce qu’il a vu, ses yeux transpirent le magique quand il en parle.
Sa check-lit est terminée, ses affaires sont prêtes, Benjamin se sent physiquement prêt et attend le départ avec une certaine impatience. Il continue les entraînements de maintien, en essayant d’accumuler le maximum de repos possible avant la date fatidique du 26 août à 9h au départ de Courmayeur en Italie.
« J’aide parfois des amis à s’entraîner, j’essaie de leur transmettre ce que j’ai appris, qu’ils arrivent à trouver en eux cette force et cette capacité qu’ils ont, sans même le savoir au départ. Pour connaître ses limites, il faut essayer et se surpasser. Le but ici n’est pas de gagner, mais de finir, finir dans les meilleures conditions possibles et surtout de créer des souvenirs ! ». Nous comprenons de ses mots que ce qui prime pour lui, c’est simplement de partager.
« Il y a un espace temps qui s’appelle la vie entre la naissance et la mort, il faut le remplir de la meilleure façon qui soit en faisant des choses qui nous inspirent, en correspondance avec qui nous sommes. Faire, c’est exister, et pour moi, j’encourage tout le monde à aller dans cette direction, vivre à fond et accélérer ! »
Lors de cette aventure, comme il le dit, les participants traverseront l’Italie, la Suisse et la France. « C’est un objectif de vie dans le sens où j’ai toujours dit que je ferais la CCC (Courmayeur-Champex-Chamonix) l’année de mes 40 ans, pas de hasard ! Il y aura de fortes montées et quelques descentes à absorber. Ce sera la conclusion de beaucoup de choses… Mais pour le moment, l’heure est repos et au calme… »
Il n’a pas encore pris le départ qu’il nous évoque déjà des idées de courses en équipe avec des kilométrages indécents, mais son rêve, le Népal, « Le Népal, j’aimerai y faire un trek long, mais c’est un peu comme les tapas…. C’est un truc à partager. »
Benjamin portera le dossard numéro 4416 alors nous lui souhaitons beaucoup de plaisir lors de cette folle aventure humaine !
Si vous souhaitez en savoir plus sur la CCC ou suivre le parcours de l’événement en direct c’est par ici :
> https://utmbmontblanc.com/fr/page/21/21.html?fbclid=IwAR0ZBdELbshCYOxUbZPOhj9PeEI78gj4PRiRqjqCxkeWPs3RSTsvtaXfZWw
> https://utmb.livetrail.run/coureur.php?rech=degreve
Crédit photos: Benjamin Degrève – Thomas Michas.
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