AISNE : LA CHANSON DE CRAONNE, HISTOIRE D’UN HYMNE INTEMPOREL
Cet hymne antimilitariste repris par de plusieurs artistes appartient aujourd’hui à la mémoire collective. Au même titre que Le Déserteur, écrite par Boris Vian en 1954 à la fin de la guerre d’Indochine, la Chanson de Craonne est certainement l’une des chansons les plus connues du répertoire antimilitariste. Si on ignore encore aujourd’hui qui en […]
Cet hymne antimilitariste repris par de plusieurs artistes appartient aujourd’hui à la mémoire collective.
Au même titre que Le Déserteur, écrite par Boris Vian en 1954 à la fin de la guerre d’Indochine, la Chanson de Craonne est certainement l’une des chansons les plus connues du répertoire antimilitariste. Si on ignore encore aujourd’hui qui en est l’auteur et que de nombreuses légendes entourent son origine, elle semble intimement liée à l’offensive catastrophique du général Nivelle au Chemin des Dames, en 1917, qui a provoqué des dizaines de mutineries au sein des troupes françaises.
Adieu la vie, adieu l’amour
Adieu toutes les femmes
C’est bien fini et pour toujours
De cette guerre infâme
C’est à Craonne sur le plateau
Qu’on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés
(Refrain)
« Dans son livre sur les refus de guerre, l’historien André Loez étudie les rapports où sont cités les chants des mutins. Il s’agit toujours de l’Internationale, l’hymne révolutionnaire composé par Eugène Pottier et jamais de la Chanson de Craonne », explique Guy Marival, auteur de l’ouvrage La Chanson de Craonne, enquête sur une chanson mythique. « Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’a pas été chantée : trois témoignages de combattants, en particulier celui du caporal Barthas publié en 1978 par Rémy Cazals, mentionnent ou évoquent ses paroles ».
Jugée subversive et défaitiste par l’Armée française, l’hymne antimilitariste, mais aussi anticapitaliste, n’a pas été censuré jusqu’à la fin des années 1970 comme on peut le lire parfois. De nombreuses artistes l’ont d’ailleurs reprises, de Ginette Garcin à Sansévérino en passant par Mouloudji et Maxime Le Forestier. Il n’en reste qu’aujourd’hui elle revêt un caractère universel pour dénoncer les affres de la guerre, plus de cent ans après son apparition, et que le petit village de Craonne, sur le Chemin des Dames, est passé à la postérité.
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