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VICTIME D’UNE AGRESSION RACISTE À BESANCON, IL TÉMOIGNE

1.     Racontez-nous ce qui s’est passé ce lundi soir à Besançon ? Je sortais d’ un entretien professionnel, je me suis garé et je me suis dirigé vers l’horodateur pour prendre un ticket pour mon véhicule. J’ai vu un homme au visage fermé et visiblement très en colère accompagné de deux femmes descendre les […]

1.     Racontez-nous ce qui s’est passé ce lundi soir à Besançon ?

Je sortais d’ un entretien professionnel, je me suis garé et je me suis dirigé vers l’horodateur pour prendre un ticket pour mon véhicule. J’ai vu un homme au visage fermé et visiblement très en colère accompagné de deux femmes descendre les escaliers et arriver vers moi, il a dit “c’est la police !”. J’ai ouvert ma veste de costume et je lui ai dit que je n’étais pas de la police. Il m’a dit “un arabe en costard je vais me le faire”. Il avait l’air dans un état second, ses yeux ressortaient de leur orbite. De là, ça a été un déferlement de violence. J’ai reçu des coups dans les côtés sur le visage, j’en ai esquivé d’autres et une fois à terre j’ai reçu d’autres coups de poing. Ça ne s’arrêtait pas, heureusement pour ma survie, très vite grâce à la vidéosurveillance la police est intervenue j’ai eu beaucoup de chance en plein couvre-feu, il n’ y avait personne dans la rue. J’ai été transporté en urgence à l’hôpital, j’ai eu plusieurs côtes cassées, mon nez a pu échapper à la fracture, j’ai des contusions aux cervicales et 10 jours d’ITT.

Psychologiquement, je suis encore marqué trois jours après. Cette image qui revient sans cesse est difficile. Je m’en sortirai en faisant de cette épreuve une force. C’est très grave ce qui se passe, aujourd’hui on peut être agressé voire tué par haine de la différence. Le pire est qu’il n’y a aucun dialogue possible c’est de la haine pure. Aucune possibilité de dialogue.

C’est un monde que je n’ai jamais côtoyé, je vis dans un monde de valeurs républicaines dans lequel j’ai grandi qui fait mon ADN, cette confrontation avec ce monde violent et haineux a été un choc.

2.  Avez-vous déjà été confronté au racisme à Besançon avant cette agression ?

J’ai grandi à Besançon et j’ai fait une prépa HEC à Marseille,j’ai fait mon stage aux Etats-Unis, je parle couramment 5 langues, ma recherche de l’universalité fait complètement partie de mes valeurs. Pour moi, le racisme commence avec le relai des fake news ou encore le mépris de certaines classes politiques par exemple. Lundi soir, j’ai été confronté au racisme le plus violent mais il y a des graines distillées ici et là par certains politiques depuis très longtemps. Aujourd’hui je ne veux plus me taire. Dès qu’on dénonce le racisme en France on vous accuse de victimisation pour discréditer votre parole. Ce qui m’est arrivé je veux en faire une force pour combattre le racisme. Il faut dénoncer les distilleurs d’idées racistes. 

Par exemple, dernièrement pendant les fêtes de Noël, de nombreux politiques ont relayé une intox qui disait que les islamistes n’acceptaient pas les fêtes de Noël. Je m’en souviens car j’ai interpellé des politiques de gauche comme de droite qui avaient relayé cette fake news et qui criait à l’islamiste alors que c’était une intox. Le procureur de la République a fait un communiqué pour demander aux médias et aux politiques d’arrêter de relayer cette fake news car elle incitait au trouble de l’ordre public.

Malgré les demandes de retrait, les politiques ont continué. Pour moi, c’est là qu’on distille le racisme, persister et mépriser ceux qui vous alertent c’est malsain de la part de certains politiques de droite comme de gauche. Aujourd’hui, je n’accepte plus ces comportements.

3. Que pensez-vous de l’évolution du racisme en France ?

A l’époque, mon père me racontait qu’on allait casser du bougnoule en ville à Besançon, et aujourd’hui, c’est pareil. Ce que j’ai vécu ressemble à une ratonnade des années 70, si vous m’aviez posé la question la semaine dernière, je vous aurais dit que c’était différent à l’époque mais aujourd’hui, force est de constater que c’est la même haine. J’en fait un constat amer, depuis la marche des beurs, d’ailleurs je ne pense pas que ce doit être une marche des beurs mais une marche universelle pour rejeter le racisme.

Je suis Français et fier de l’être, j’ai des origines algériennes dont je suis fier aussi c’est une richesse, il faut lutter contre cet obscurantisme. Hier soir, j’ai reçu énormément de témoignages de personnes qui ont vécu la même chose et m’ont remercié d’avoir pris la parole publiquement pour dénoncer cette agression raciste. Ils ont vécu des moments terribles mais eux n’ont jamais pu identifier les auteurs, qui n’ont pas été condamnés, tous ces soutiens et le fait qu’ils se retrouvent dans mon histoire m’a beaucoup touché.

Je ne lâcherai pas ce combat, ne serait-ce que pour toutes ces victimes anonymes qui ont vécu le même racisme que moi.

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