DANS L’YONNE, ON DÉCAPITE LES STATUES…
Jeudi matin, les habitants de Villeneuve-sur-Yonne ont pu assister à une triste mise en scène. Le buste de Georges Clemenceau a été décapité et la plaque apposée sur le piédestal vandalisée, la mention « ministre de la guerre » ayant été rayée, précise France bleu Auxerre. Peu habituée à défrayer la chronique, la petite ville icaunaise hésitait […]
Jeudi matin, les habitants de Villeneuve-sur-Yonne ont pu assister à une triste mise en scène. Le buste de Georges Clemenceau a été décapité et la plaque apposée sur le piédestal vandalisée, la mention « ministre de la guerre » ayant été rayée, précise France bleu Auxerre. Peu habituée à défrayer la chronique, la petite ville icaunaise hésitait entre tristesse et indignation. Sur les ondes de la radio publique, le premier adjoint, Jean Kaspar, n’a pas hésité à faire part de sa colère. « C’est un acte de vandalisme inacceptable, qui bafoue la démocratie, la République et notre histoire. Il est indigne de ceux qui l’ont commis. »
Inaugurée en novembre 2018, à l’occasion du centenaire de l’Armistice, la cour Georges-Clemenceau où trône le buste du « Père la victoire » avait fait l’objet d’importants travaux menés par la municipalité précédente. Le maire de l’époque, Cyril Boulleaux (DVG), n’a d’ailleurs pas eu de mots assez durs, sur son compte Facebook, pour qualifier cet acte « purement scandaleux, d’une imbécilité sans nom ». À l’époque, le choix du nom de l’ancien Président du conseil pour baptiser les lieux n’avait pas fait l’unanimité, jusque dans les rangs de l’actuelle majorité, mais la nouvelle configuration de l’espace devant la mairie avaient plutôt séduit les Villeneuviens.
La mairie de Villeuve-sur-Yonne a déposé une plainte. Les motivations du ou des auteurs restent à ce jour inconnues. Acte de vandalisme gratuit ? Hostilité politique locale ? Action militante ?
Alors que, depuis plusieurs mois, certaines voix s’élèvent en France et dans le Monde pour « déboulonner » les statues des figures historiques liées, de près ou de loin, à l’esclavagisme et au colonialisme, Georges Clemenceau était connu pour être, quant à lui, un farouche opposant à l’expansion coloniale française, même si comme tout personnage politique il avait sa part d’ombres. « Ne craignez jamais de vous faire des ennemis, si vous n’en avez pas, c’est que vous n’avez rien fait », disait-il.
Et si on se réfère à la citation de la figure tutélaire de la IIIe République, Cyril Boulleaux semble en avoir beaucoup fait au cours de ses 19 années de mandat de maire, puisque, vendredi matin, il a déposé plainte auprès du parquet pour menaces de mort, ce qui dirige l’enquête vers la piste politique locale. Sur un panneau d’affichage d’annonces légales de la mairie, l’inscription « La prochaine tête, c’est celle de Boulleaux » a été retrouvée.
Joint par téléphone, ce dernier rappelle que les dernières élections municipales se sont déroulées dans un climat délétère et se sont jouées sur une poignée de voix. « La campagne n’a été qu’une succession de diffamation nauséabonde, d’attaques personnelles, notamment quant aux choix de Georges Clemenceau, où il a été dit que le buste avait coûté 20.000, 30.000, 50.000 euros alors qu’il n’a coûté que 8.000 euros. »
Finalement, la petite cité des bords de l’Yonne n’est peut-être pas aussi paisible qu’elle n’y paraît et le feuilleton ne pourrait faire que commencer.
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