SEINE-ET-MARNE : DES POULES BRETONNES CONTRE LES FRELONS ASIATIQUES ET LES TIQUES
A Meigneux (Seine-et-Marne), un couple voulant étoffer son poulailler a adopté, pour leur bel aspect, deux Noires de Janzé. A leur grande surprise, elles se sont révélées redoutables pour les frelons asiatiques qui hantaient leur potager. L’histoire de ces poules gagne à être connue.
La Noire de Janzé présente une belle robe noire et une silhouette harmonieuse. Réputée pour la qualité de sa chair, elle se révèle cependant piètre pondeuse. A tel point, que cette espèce originaire de Bretagne a bien failli disparaître dans les années 2000. Elle a été sauvée par l’Ecomusée du pays de Rennes, qui a envoyé des émissaires du côté de Janzé, petite ville au sud-est de Rennes, récupérer quelques-uns des derniers spécimens.
Il y a 5 ou 6 ans, un producteur de cidre bio du cru, également apiculteur, s’est retrouvé confronté à une invasion d’anthonomes, des coléoptères qui s’attaquent aux pommiers. Il a eu l’idée de recourir aux poules, très friandes d’insectes qui leur apportent les protéines dont elles ont besoin.
Il a alors pris conseil auprès de l’Ecomusée, qui lui a recommandé la race locale, la Noire de Janzé. Belle et résistante, vigoureuse et un peu sauvage, elle ne craint pas de voler pour se poser sur les branches des pommiers et y faire ripaille d’insectes.
La Noire de Janzé raffole des frelons
Dans ses vergers, il avait aussi installé ses ruches. Depuis quelques années, celles-ci étaient régulièrement attaquées et ses abeilles décimées par des frelons asiatiques. Heureuse surprise pour notre apiculteur, ses poules noires s’en sont pris derechef aux assaillants. En fait elles en raffolent.
Un bon gros frelon, c’est un fabuleux réservoir de protéines. Elles les regardent comme un fauve guetterait une gazelle. Sauf que les frelons leur facilitent bien la tâche. Ils se mettent en vol stationnaire devant les ruches pour choper les abeilles. Les poules les attrapent d’un coup de bec, puis les décapitent pour ne garder que le corps, dont elles se délectent.
Dans les vergers, le taux des nuisibles a radicalement baissé. Le problème, c’est que les poules de cette espèce sauvée in extremis sont encore peu nombreuses. Alors l’agriculteur s’est entendu avec l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) pour en élever un millier et les installer dans chacun de ses vergers. On a vu aussi des Noires de Janzé, mêlées à des moutons, les débarrasser de leurs parasites, en particulier des tiques.
Autres méthodes
Quant aux frelons, il existe plusieurs méthodes pour s’en débarrasser. Des spécialistes repèrent, au début du printemps, les nids primaires des essaims pour les éliminer avant qu’ils ne se multiplient. C’est payant, mais dans les deux sens du terme. Il y a aussi ceux qui plantent des fleurs attirant les abeilles charpentières. En raison de leur taille et de leur corpulence, elles font fuir les reines des frelons. Mais le résultat reste assez aléatoire. En tout cas, il n’a rien d’aussi radical que le coup de bec gourmand d’une Noire de Janzé.
Crédit photos : Victoria Art WK – Getty Images.
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