EN GUADELOUPE, MÉDÉ, LA REINE DU BÈLÈ FÊTE SES 100 ANS
Trois jours de célébration permettent, du 21 au 23 juillet, aux gens de Vieux Habitants, à sa famille à ses amis et aux amoureux de ce chant si particulier, le bèlè, de lui montrer leur reconnaissance et leur affection.
Médélice Baptista, dite « Médé », a vécu la vie laborieuse des siens, paysans guadeloupéens. Dans les plantations, elle accompagnait leurs durs efforts à tous de ce chant de courage et d’entraide. Elle était très appréciée, au point de chanter en public. Sa notoriété ne dépassait pas alors Vieux-Habitants et ses environs. Les siens pouvaient profiter de ce trésor, la voix de Médé, son savoir et son répertoire.
Puis, dans les années 90, elle est invitée un beau jour à se produire lors de festivités organisées autour de la Route du Rhum, la course à la voile en solitaire, qui arrive à Pointe-à-Pitre. Et là elle est remarquée par un grand connaisseur des traditions antillaises, Alex Nabis, qui se voue à en préserver le patrimoine culturel immatériel.
Il se prend de passion pour sa voix et pour le bèlè comme « chant du travail de la terre », précisément ce que la jeune Médélice avait appris en accompagnant ses parents et voisins dans les plantations de café ou de bananes.
La reine du bèlè
Cet homme va entreprendre, de ressusciter la tradition locale du « Noël Kakado », avec l’irremplaçable Médé, qui entraîne d’autres femmes avec elle. Le succès de cette fête, où tout le monde se retrouve à Vieux-Habitants, va donner lieu à des enregistrements et des concerts.
Et pour finir à des invitations à monter sur scène à Pointre-à-Pitre, à Fort-de-France et à Paris. Ces années-là, la petite villageoise à la voix d’or devient Médé, la reine du bèlè.
Le bèlè
Il vient de Martinique, précisément des Mornes, où s’étaient réfugié les « marrons » et où s’installèrent les nouveaux hommes libres, libérés de l’esclavage. Le bèlè des origines est un chant de résistance et d’espoir. En Martinique, il se chante et se danse, accompagné d’un tambour et entrecoupé d’histoires. Il exprime la vie de ces paysans, leur peine et leur solidarité.
Il s’est répandu en Guadeloupe, y rejoignant la tradition du gwo ka sans s’y fondre. Ici, il est seulement chanté, avec le soutien du tambour et parfois d’autres instruments.
Vieux-Habitants
Très fiers et reconnaissants, ses concitoyens ont donné son nom à leur médiathèque. Ils organisent des hommages pour elle et son œuvre. Le 21 juillet, jour anniversaire de la jeune centenaire, une messe a été célébrée dans sa maison. Quant à elle, son plaisir est toujours de chanter et elle continue de le faire pour les siens.
Crédit photos: L_Gaydu.
Vous souhaitez vous exprimer sur un sujet ?