ESSAI SUR L’ORIGINE DU LANGAGE PAR LE LINGUISTE QUÉBÉCOIS PHILIPPE BARBAUD

Pour nous expliquer son scénario de l’évolution qui l’aurait amené à la conclusion que le langage humain est apparu par le sens, Philippe Barbaud suit le fil conducteur suivant tout au long de son essai en trois chapitres : « L’homme est un animal qui a perdu son langage au cours de la préhistoire. »

Autrement dit, notre espèce se serait débarrassée de son langage animal et l’aurait remplacé par un langage articulé. Cela se serait produit alors que le corps s’adaptait progressivement à la station debout. Ces transformations, liées à l’adaptation de l’espèce Homo aux changements environnementaux et climatiques, auraient favorisé la modification de l’appareil bucco-pharyngal qui servait à respirer et transformer les aliments, pour en faire également un organe phonatoire. Le présapiens archaïque aurait alors été capable d’émettre des sons qui ne faisaient pas partie de sa rengaine (son langage animal).

Cela aurait entraîné petit à petit la régression de ce langage primal, au profit de nouveaux sons, plus libres et articulés, comme les interjections. Ces interjections primales (douleur, joie) ont alors permis à nos ancêtres de prendre conscience du soi et des autres, ainsi que du lien étroit qui existe entre le geste et la parole.

L’espèce Homo, découvrant alors qu’elle était capable de pouvoir articuler la parole, s’est mise à vouloir véhiculer du sens au travers de ces nouveaux sons pour communiquer avec ses semblables.

Le sens serait donc ce « qui a permis à la communication animale de devenir humaine ». Il y aurait donc eu une coévolution du sens et de la parole. C’est en reliant « cognition, évolution et langage dans une même problématique » que Philippe Barbaud en est arrivé à cette conclusion :

« Nous parlons parce que l’être humain, depuis l’enfance de son espèce, a toujours voulu communiquer du sens. » Et il va encore plus loin en s’attardant dans le troisième chapitre sur l’évolution de cette parole : le développement du vocabulaire ancestral ou encore les raisons pour lesquelles la langue moderne possède plusieurs milliers de variétés alors qu’elles utilisent toutes un système commun.

L’écriture est soutenue – difficile de faire autrement pour une étude scientifique – mais globalement assez accessible car l’auteur fait régulièrement des écarts pour nous expliquer les choses de façon plus vulgaire. Son exemple de ce que pourrait être le jargon interjectif proto-humain de nos jours par exemple est assez amusant, et m’est resté en tête, puisqu’il fait référence au « fidèle coéquipier de Han Solo envers qui il a une dette de vie ».

Jamais je n’aurais pensé qu’un tel sujet pourrait être aussi intéressant. Certes, c’est assez complexe, puisque l’auteur s’appuie sur les études de nombre de ses confrères et autres scientifiques de diverses disciplines pour expliquer ses dires, mais il est exaltant de découvrir comment Philippe Barbaud en arrive à ses conclusions sur l’origine de la parole en nous décrivant l’évolution de notre espèce à travers le langage

Donc même si nous avons affaire à un essai scientifique, en effet, la lecture de « L’instinct du sens – Essai sur la préhistoire de la parole  » reste abordable et le sujet, passionnant, mérite qu’on s’y attarde.

Editeur : www.desauteurs-deslivres.fr

Site officiel du livre : www.linstinctdusens.com

Site officiel de l’auteur : https://www.philippe-barbaud.com

Prix indicatif: 39 euros 

Crédit photos: Philippe Barbaud- Média Livres.