EXCLUSIF POUR LE MEDIAA : AFFAIRE DES AGRESSIONS SEXUELLES À L’ISBA
La poursuite de notre enquête dans l’affaire des agressions sexuelles de l’école des Beaux-Arts de Besançon, a abouti à d’autres révélations. Hannah* (le prénom a été modifié) a accepté de témoigner de ce qu’elle a vécu à l’ISBA sous couvert d’anonymat. Elle a été étudiante et témoin de l’ambiance malsaine qui régnait aux Beaux-Arts de […]
La poursuite de notre enquête dans l’affaire des agressions sexuelles de l’école des Beaux-Arts de Besançon, a abouti à d’autres révélations. Hannah* (le prénom a été modifié) a accepté de témoigner de ce qu’elle a vécu à l’ISBA sous couvert d’anonymat. Elle a été étudiante et témoin de l’ambiance malsaine qui régnait aux Beaux-Arts de Besançon.
Son témoignage révélé par Lemediaa.com apporte de nouveaux éléments à cette affaire d’agressions sexuelles à l’ISBA.
Oui et je n’ai pas été surprise du tout. Je me sens comme soulagée car cela faisait des années que je répétais à mes parents que c’était un lieu malsain. Et j’ai pu enfin leur montrer que tout ce que je leur disais n’était pas le fruit de mon imagination. Les profs avaient contactés mes parents pour me reprocher de ne pas aller dans leur soirée, que je ne m’intégrais pas aux autres. Rien à voir avec ma scolarité, je savais pourquoi je n’y allais pas.
Je n’ai jamais souhaité participer à ce genre de soirée mais, une fois, je m’y suis rendue pour une crémaillère en première année, cinq étudiants essayaient de me faire boire et me demandaient où je vivais. Durant ces soirées entre élèves et professeurs, il y avait de la drogue, de l’alcool et des abus sexuels une fois m’a suffi pour ne plus y retourner.
Un camarade m’avait demandé de me déplacer à 3h du matin pour une soirée et ses potes m’avaient menacé de me frapper le lendemain matin si je ne venais pas. Ils étaient tous drogués. Je me protégeais en n’y allant pas et les professeurs me le reprochaient.
La police a fait plusieurs descentes à l’ISBA à Besançon avec des chiens pour chercher de la drogue et à chaque fois le matin de ces opération anti-stupéfiants les professeurs nous disaient attention ils vont passer cet après-midi, ils étaient bien informés.
La drogue était en libre circulation dans les couloirs et aux soirées. La fac de médecine, aussi à côté, fournissait l’ISBA, je voyais les seringues et aussi des professeurs complétement drogués pendant les cours. Tout le monde était au courant. Ils disaient que c’était pour être créatifs.
Pour les abus sexuels, un jour, notre professeur en classe nous a diffusé le film « Salò ou les 120 journées de Sodome » (ndlr film montrant diverses scènes de viol sur des adolescents, les victimes se baignent dans des excréments on y voit des tortures sur les tétons et autres mutilations sexuelles). Ce film m’a traumatisée. Il a dit que c’était artistique. Ça donne le ton.
Les élèves avaient les numéros des professeurs et se voyaient très souvent en soirée où l’alcool et la drogue étaient de la partie donc c’était malsain.
Je souhaite que les choses évoluent car tout le monde faisait semblant d’être heureux et de s’amuser alors que je sentais qu’il y avait quelque chose de malsain. Les responsables sont les professeurs, l’administration et la direction la chaine complète. Le fait de faire taire les personnes. C’est insupportable. Et, je ne sais pas combien de fois j’ai été confronté à cela en scolarité. Je compte sur les médias pour que cela aboutisse à des sanctions et à des contrôles plus réguliers.
Les profs étaient au courant des visites de la police lors des interventions antistupéfiants et avertissaient des heures avant les élèves qu’alors cela devait être une intervention pour les prendre sur le fait, comment cela se fait-il ? Les policiers sont au courant et ne sont pas stupides, ils savent qu’il y a tout un réseau de drogue là-bas. Je pense qu’il y a anguille sous roche. La drogue, les agressions sexuelles ? J’ai fait mes études entre 2010-2013. On est en 2020, il est temps de se réveiller.
J’ai l’impression que la Police de Besançon ne prend pas les affaires au sérieux. Du moins, par mon expérience personnelle. Une amie a déposé plusieurs plaintes contre son mari violent à Besançon. Ils n’ont rien fait jusqu’au jour où elle a fini à l’hôpital, défigurée.
Le problème n’est pas central à l’ISBA, c’est un tout. A la fin, on porte plainte, on en parle mais rien ne bouge jusqu’à ce que ça devienne trop viral pour que les acteurs puissent faire taire l’affaire une fois de plus. Il faut revoir le système, mettre à disposition un numéro vert ou une personne à la mairie pour prendre n’importe quelle plainte (ndlr la police avait refusé de prendre la plainte d’une victime d’agressions sexuelles de l’ISBA qui a dû rester quatre heures sur place avant de pouvoir déposer plainte) et lui assurer que ses études ne seront pas percutées par son témoignage.
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