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GRAND EST: LA FILIÈRE BOIS EN PLEINE MUTATION

L’interprofession de la filière bois du Grand Est (FIBOIS Grand Est), en partenariat avec l’association Des Hommes et des Arbres (DHDA) organise en novembre prochain un format inédit, les Assises de la forêt, afin de réfléchir au devenir du patrimoine forestier d’ici 2100.

« Le temps des forêts n’est pas celui des hommes. C’est un temps long, c’est pourquoi la réflexion se doit d’être faite avec comme horizon l’année 2100 », souligne Thierry France-Lanord, président de Fibois Grand Est, dans son propos liminaire. Avec les Assises de la forêt, c’est en effet un format inédit qu’ont décidé de mettre en place l’interprofession des métiers du bois et l’association Des Hommes et des Arbres, en novembre 2021, afin de se saisir des questions de l’avenir de la filière du bois dans le Grand Est, deuxième région de France en volume de bois sur pied et en récolte.

« C’est un signal fort qui permettra de réfléchir ensemble et d’œuvrer à une gestion durable de la forêt, à une sylviculture écologiquement responsable, tout en intégrant les spécificités des massifs et la réalité du terrain », indique pour sa part Jean Rottner, Président de la Région Grand Est.

Les forêts fragilisées par le réchauffement climatique

Avec 19% de la récolte totale de bois en France, le Grand Est est une région incontournable pour la filière sylvicole alors même qu’elle est confrontée à des périls climatiques récurrents, comme la sécheresse qui fragilise les espèces. En effet, les périodes de sécheresse et de forte chaleur à répétition de ces dernières années ont fragilisé les épicéas et causé la prolifération des populations de scolytes dans les peuplements du Grand Est depuis 2018. « Les phénomènes climatiques de ces dernières années ont fortement impacté nos forêts, provoquant depuis 2018 le dépérissement d’importants volumes et touchant toutes nos grandes essences.

Ces phénomènes vont sans doute et malheureusement durer et les forestiers doivent s’adapter à ce nouveau contexte : faciliter la régénération naturelle des peuplements mités, quand les essences sont assez diversifiées, enrichissement par l’introduction de provenances ou d’espèces mieux adaptées à ces conditions contraignantes, gestion plus « agile » permettant de s’adapter aux crises tout en préparant l’avenir », explique Jean-Pierre Renaud, Directeur territorial de l’ONF Grand Est. L’ONF qui joue un rôle incontournable dans la gestion des forêts, la majeure partie d’entre elles étant publiques sur le territoire régional, historiquement placées sous la protection de l’État et depuis 1965, de l’ONF.

« C’est l’économie du bois et la valeur ajoutée qu’elle dégage, qui ont permis de financer l’entretien et le renouvellement de nos forêts », insiste d’ailleurs Jean-Pierre Renaud, rappelant que dans le Grand Est, ce sont plus de 55 000 emplois qui sont directement attachés à la transformation et la valorisation du bois.

Label territoire d’innovation

Le triptyque « forêt / arbre / bois » doit ainsi être appréhendé dans sa globalité. C’est pourquoi le projet Des Hommes et des Arbres a été labellisé « territoire d’innovation ». Fondé sur une alliance inédite de plus de 100 acteurs publics et privés du Sud de la Lorraine et des Vosges du Nord, « il porte l’ambition partagée de transformer le territoire sur une durée de 10 ans, par le biais d’actions innovantes qui développent et mettent en valeur la place des arbres dans le bien-être des populations, la préservation de l’environnement, la résilience et la prospérité du territoire en résonance avec les attentes sociétales, les changements climatiques à venir et une valorisation raisonnée des ressources locales », explique Mathieu Klein, Président de la Métropole du Grand Nancy, maire de Nancy et président de l’association « Des Hommes et des Arbres ».

La filière se doit en effet de se réinventer et d’englober les questions aussi bien environnementales que sociétales, la déforestation des massifs boisés pour la production de bois ne bénéficiant pas toujours d’une bonne image. « L’amalgame fait entre les images chocs de la déforestation en zones tropicales et la réalité de la progression du patrimoine forestier, globalement sur tout le continent européen, conduit à une incompréhension permanente des discours », explique le président de Fibois. « Évoquer l’avenir des forêts et de du matériau renouvelable qu’est le bois, ne peut que s’appuyer sur les avancées de la science et sur la formation des générations futures qui sont aujourd’hui dans les établissements de notre région », relève Pascal Triboulot, Professeur à l’ENSTIB (École Nationale Supérieure des Technologies et Industries du Bois), et Directeur de Lorraine INP (L’institut national polytechnique) soulevant l’importance de la réflexion à une échelle globale. Car avec 45 centres de formation spécialisés sur la forêt et le bois, près de 4 000 apprenants, plus de 500 étudiants du supérieur, le Grand Est possède sur son territoire « un ensemble unique et performant de formations ». « La France est considérée comme la sixième nation de recherche sur le bois », rappelle l’universitaire. 

Une filière en transformation

Différentes industries reviennent donc à ce materiau, biosourcé et renouvelable, mais avec des développements et des traitements modernisés. « Les professionnels aussi bien que les scientifiques qui mettent leur énergie, leurs talents, leurs convictions et leur passion au service de ce territoire forestier et des entreprises responsables de la filière, intègrent dans leurs démarches les trois piliers du développement durable : social, écologique et économique », indique Pascal Triboulot.

Prenant en exemple nombre d’équipements publics, logements sociaux et bâtiments d’activités du Grand Est réalisés avec les arbres de ses forêts au cours des dernières décennies, Dominique Gauzin-Muller, architecte-chercheur et co-fondatrice du Mouvement de la frugalité heureuse et créative abonde : « Un nombre croissant de ces bâtiments, frugaux en énergie et en matière, valorisent résineux et feuillus locaux en favorisant les circuits courts. Ils sont souvent isolés avec des matériaux bio-sourcés, comme la paille produite par les agriculteurs voisins. »

Compte tenu de ces éléments, l’État soutient l’industrie et les professionnels de la filière via le plan France Relance. Ce soutien à l’investissement concerne l’amont de la filière bois-forêt et plus particulièrement : les pépiniéristes forestiers et les projets permettant une meilleure gestion et maîtrise de l’eau ainsi qu’une protection renforcée face aux aléas climatiques (environ 60% des fonds) mais aussi les entreprises de reboisement et leurs projets visant à l’amélioration du transport et de la conservation des plants (environ 40% des fonds).

Crédit photos: Shutterstock.

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