GUADELOUPE : COVID, FAIRE FACE À LA CATASTROPHE
En vingt jours, la Guadeloupe est passée de l’insouciance à « une situation de crise, d’une intensité effroyable ». Ce sont les mots du chef de service de réanimation au CHU de Pointe-à-Pitre
Le docteur Marc Valette est en première ligne face à l’épidémie. Son équipe et lui ont pour mission de sauver de la mort les malades qui affluent au CHU. Ses mots sont d’autant plus forts. Il parle d’une crise « que nous n’avons jamais connue jusqu’alors ».
Des patients ont dû être évacués vers la métropole pour désengorger les services de réanimation et de soins intensifs. « On a basculé dans la médecine de catastrophe », souligne le Dr Valette.
Les données épidémiologiques communiquées par la préfecture le 6 août en donnent la mesure. Le nombre de nouveaux cas est passé à 4 178 en 4 jours, contre 3 300 la semaine précédente. Le taux de positivité a bondi à 24,6 %, c’est-à-dire qu’un test sur 4 révèle une contamination au covid.
Et le taux d’incidence a, lui, grimpé de 875 à 1 108 nouveaux cas pour 100 000 habitants.
En clair, la semaine dernière, plus de 1 % de la population du territoire a été contaminé par le virus. Mais il ne s’agit que de ceux qui ont pu être diagnostiqués.
Sous-estimation des contaminations
Le Dr Guy Ursule, vice-président de l’Union régionale des médecins libéraux de Guadeloupe, estime pour sa part que « le nombre de patients [atteints du covid] est sous-évalué ». Selon ses observations et recoupements, « nombre de personnes refusent encore de se faire tester ».
Pour une raison assez évidente, d’après lui, car elles craindraient « d’être positives et de devoir s’isoler ». Cette sous-estimation a pu jouer un rôle dans la négligence constatée à cet égard : moins de 30 % de la population en âge de l’être se sont fait vacciner.
Dans cette course contre la montre, le virus a pris plusieurs longueurs d’avance.
Nouvelles restrictions
L’archipel, placé en « état d’urgence sanitaire » il y a 12 jours, est entré dans une nouvelle période de confinement mercredi dernier. Les bars ont dû fermer, mais les restaurants avaient pu rester ouverts à midi.
Pour réduire les risques de contamination, le préfet a décidé qu’ils devraient cesser à leur tour d’accueillir du public, tout en pouvant continuer la vente à emporter et les livraisons à domicile. Quant au couvre-feu, fixé de 20h à 5h du matin, il pourrait être avancé.
Crédit photos: Mongkolchon Akesin- Shutterstock.
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