GUADELOUPE : LA COLÈRE DES ENTREPRENEURS FACE AUX ENTRAVES À LA CIRCULATION

Steve Salim circule beaucoup dans toute l’île pour son travail. Il a monté une petite entreprise spécialisée dans les circuits courts de produits agricoles. Il a vu de « nombreux barrages » sur les routes secondaires, « où il n’y a personne », confie-t-il à l’AFP. Une équipe est venue, a bricolé une mini barricade, avec du matériel de chantier, des cailloux, des branches ou un vieux frigo, et elle est partie plus loin récidiver.

Ce sont « des riverains ou des automobilistes » qui les défont le plus souvent, précise Steve. Il n’a pas pu livrer une soixantaine de ses paniers de légumes. « Une grosse perte » pour lui, d’autant plus que le camion frigorifique qui doit en embarquer des palettes à Saint-Martin et Saint-Barthélémy n’a pas pu circuler sur les petites routes. Il enrage contre les barrages, alors que « les gens ont besoin de travailler après ces mois de pandémie. »

L’UDE (Union des entreprises), qui incarne le MEDEF en Guadeloupe, dénonce « les entraves à la liberté de circuler » et demande « quelle est la légitimité de ceux qui interdisent l’accès aux soins ».

Dans cette déclaration, elle ajoute : « Après des mois de msrues restritives pour notre population et l’économie du pays, il est inacceptable de laisser prospérer cette spirale de l’autodestruction. »     

Dégâts collatéraux

Les barrages sur la route font d’autres victimes. Une femme médecin au CHU déplore n’avoir pas pu tenir ses consultations dans la matinée. Devant l’hôpital, le piquet ne laisse passer que les ambulances. Des patients doivent monter à pied jusqu’à l’entrée du bâtiment, y compris ceux qui ont « des pathologies coronariennes », s’indigne ce médecin. 

Le directeur général adjoint du CHU, qui déplorait la veille les atteintes au « droit de se faire soigner », indique que « les chimiothérapies par exemple n’ont pas pu être administrées aujourd’hui. » Les grévistes filtrent les entrées, visant particulièrement les internes, « dont certains sont empêchés de passer ». L’un d’eux a même été agressé par un individu cagoulé. « Il n’y a pas de dialogue possible », se désole le directeur adjoint.   

Renforts

Dans différents endroits, les barrages apparaissent, puis sont levés ou démantelés par les forces de l’ordre. Plus tard, les militants reviennent et le remettent en place. Parfois, ils y mettent le feu. Un pompier a été arrêté alors qu’il transportait des pneus vers un barrage en flammes, selon le procureur de la République. Il a été présenté à un juge et placé sous contrôle judiciaire. 

Ce matin des barrages ont été installés dans une douzaine d’endroits de l’île. Dans la nuit des bandes de jeunes radicalisés ont allumé des incendies dans Pointe-à-Pitre. La rectrice a décidé, ce vendredi, de fermer les écoles pour la journée. Pour faire face à cette situation, le ministre de l’Intérieur et son collègue des Outremer ont annoncé le déploiement « dans les prochains jours » de 200 policiers et gendarmes supplémentaires, afin de rétablir l’ordre républicain. »  

Crédit photos: Phakorn Kasikij_ Shutterstock.