GUADELOUPE : RÉOUVERTURE SURPRISE ET CONTESTÉE DE LA PÊCHE AU LAMBI
Le Comité régional des pêches a finalement décidé de rouvrir la pêche de ce gros coquillage très appréciés des Guadeloupéens. L’espèce est pourtant menacée. Un revirement critiqué au sein même du comité, qui en avait, l’an dernier, interdit la collecte.
Le lambi pourrait être de retour dans les assiettes des Guadeloupéens avant les fêtes. Grillée, en fricassée ou en salade, sa chair est un régal, dont les Antillais sont friands. Mais pas qu’eux. Les Etats-Unis sont le plus gros importateur mondial. Surexploité, ce gros coquillage est une espèce menacée. Il se vend facilement 25 euros le kilo.
Conscients du problème, dont ils sont eux-mêmes victimes, les pêcheurs d’ici avaient décidé en 2020 de suspendre la pêche, qui se pratique d’octobre à janvier, en dehors de la période de reproduction. A l’époque, le nombre de pêcheurs avait doublé, tandis que la quantité totale de la pêche avait diminué de moitié. Le Comité régional des pêches maritimes et élevage marin des îles de Guadeloupe (CRPMEM-IG) avait pris cette décision afin de reconstituer la ressource. Le préfet avait entériné cette sage décision et l’avait faite strictement appliquer.
A l’époque, le président du comité, Charly Vincent, envisageait même une reconduction de la mesure sur 3 années. « Il faudrait 6 ans pleins pour retrouver le stock complet, expliquait-il ».
Un lambi met en effet 4 ans à grandir. Un autre pêcheur se souvient que « quelques années plus tôt, on avait cessé la pêche et quand elle a repris, en un mois tout a été vidé. »
Le revirement
« Nous ne voulons pas être responsables de l’extinction d’une espèce », plaidait alors le président. Cette fois, le comité des pêches ne l’a pas écouté. Composé essentiellement de représentants des patrons pêcheurs et de leurs salariés, il s’est réuni le 17 septembre. Sur les 23 membres, 17 se sont prononcés. La reprise a été votée par 9 voix contre 8.
Quoiqu’opposé à la décision, Charly Vincent a dit qu’il se plierait à la majorité. « Il n’y a pas suffisamment de ressources pour reprendre, a-t-il ajouté. Dans quelques années, on s’en mordra les doigts. » On verra ce qu’en pense le préfet, car il a aussi son mot à dire.
Contrebande
Même quand la pêche est autorisée, elle fait l’objet de contrôles sévères. Ils portent à la fois sur la taille et la provenance des coquillages. Le prix qu’il atteint sur le marché antillais suscite, ici ou dans les îles voisines, des vocations de braconniers ou de contrebandiers.
Les douaniers ont arrêté, un peu avant les fêtes de fin 2019, un bateau équipe en « go-fast » qui transportait, non pas de la cocaïne, mais 800 kg de lambi. Ils en étaient à leur 5ème voyage…
Crédit photos: Willyam Bradberry- Shutterstock.
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