GUYANE : LE BOOM DE LA PÊCHE ILLÉGALE
Régulièrement, la marine, la gendarmerie maritime ou les douanes arraisonnent des bateaux de pêche étrangers dans les eaux françaises. Ce qui ne les empêche pas de pulluler, comme l’a démontré un survol de la zone de pêche proche du Surinam effectué le 20 octobre par le WWF (World Wildlife Fund).
Le WWWF a pour vocation d’origine de protéger les animaux sauvages, en premier lieu les espèces menacées. S’il traque les pêcheurs clandestins le long des côtes de Guyane, c’est précisément parce qu’ils ne s’embarrassent d’aucune précaution et menacent les espèces protégées.
Deux pratiques dont ils sont coutumiers s’avèrent particulièrement destructrices. Ils préfèrent les eaux les plus poissonneuses et donc les zones interdites à la pêche. Il y a un mois le Mahury, une vedette côtière de la gendarmerie maritime, a ainsi surpris en pleine action, au beau milieu de la réserve naturelle du Grand Connétable, le « Familia Borges », un bateau de 12 mètres, récidiviste, sans pavillon mais venu du Brésil.
Par ailleurs, ces braconniers des mers ont pour principal instrument de pêche des filets bannis par les accords internationaux sur la capture des poissons. Ils sont bien plus longs, ils font souvent plus de 4 km, et ont des mailles plus resserrées. Résultat, les animaux de toute sorte s’y prennent, ceux qui sont protégés comme les autres et notamment, s’agissant des côtes guyanaises, les tortues de mer et les dauphins.
Lors de ce survol entre la Mana et l’Iracoubo, deux fleuves côtiers distants de 66 km, les observateurs du WWF ont compté 25 bateaux de pêche illégaux. Dix jours plus tôt, des pêcheurs amateurs, en avait repéré et signalé 27.
Leurs pépites, les vessies natatoires
Des pêcheurs clandestins s’étaient confiés l’an dernier à des reporters de Guyane la 1ère. Ils étaient guyaniens (du Guyana) et travaillaient pour des patrons surinamiens. Ils trouvaient bien plus de proies ici. Ils recherchaient surtout l’acoupa, dont les vessies natatoires sont très prisées en Chine, pour leurs vertus soi-disant aphrodisiaques, et peuvent se vendre 100 € le kilo.
Aujourd’hui l’acoupa est considéré comme menacé. En dix jours de pêche, ils arrivaient à gagner un mois de salaire. Sept semaines après la parution de reportage, les autorités avaient lancé une grande opération de surveillance qui avait permis de contrôler 24 bateaux en situation illégale et de saisir 37 tonnes de poisson, 209 kg de vessies natatoires et 76 km de filets.
Le manque de moyens
Si les pêcheurs clandestins s’en donnent encore à cœur joie, c’est que le risque n’est pas si grand. A condition de ne pas résister ni de récidiver avec impudence. Alors, le bateau peut être détruit, comme l’a été celui qui s’est fait prendre dans la réserve du Grand Connétable. Mais surtout les opérations de surveillance sont trop irrégulières ou espacées, faute de moyens.
Il y a 3 ans, une vendredi soir des hommes avaient volé dans le port du Larivot une grosse tapouille qui venait d’être saisie. Le samedi matin un hélicoptère l’avait repérée naviguant vers l’est. Mais aucun patrouilleur de la marine, aucune vedette de gendarmerie n’était prête à la prendre en chasse, même les unités à quai à Cayenne. Finalement, c’est la marine brésilienne qui l’avait arraisonnée.
Crédit photos: Ti-ja – GettyImages.
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