GUYANE : PAS DE CANTINE POUR LES ÉLÈVES DE SAINT-LAURENT DU MARONI
A dire vrai, ce n’est pas une nouvelle, car voilà 27 ans que les élèves de la principale ville de l’Ouest guyanais sont privés de restauration. L’Etat et les collectivités locales se renvoient la belle. Et eux se serrent la ceinture.
L’an dernier, pour pallier cette stupéfiante absence de restauration scolaire, la CAF (Caisse d’allocations familiales) de Guyane avait mis en place un service de paniers collations. Il concernait 2 collèges de Saint-Laurent du Maroni et bénéficiait à 2 000 élèves. Il était soutenu, en principe, par la préfecture, le rectorat et la CTG (Collectivité territoriale de Guyane).
L’objectif était d’amorcer une solution pérenne en l’expérimentant dans ces deux collèges. La CAF n’a ni la vocation ni les moyens d’assumer la restauration scolaire dans les établissements qui n’en disposent pas. Il fallait trouver d’autres financements. Il existe la PARS (Prestation d’accueil et restauration scolaire), mise en place par l’Etat, mais elle est conditionnée par des cofinancements. Un programme européen aurait pu jouer ce rôle ou les collectivités territoriales concernées.
L’Etat renvoie la question sur les communes ou le territoire, dont c’est effectivement le rôle. Mais celles-ci expliquent qu’elles n’en ont pas les moyens. Et ça dure comme ça depuis 1994 à Saint-Laurent du Maroni et, à une moindre échelle dans d’autres communes.
Pour tenter de sauver le dispositif, voire de l’étendre, la sénatrice de Guyane, Marie-Laure Phinera-Horth, avait évoqué les «enjeux de réussite scolaire, de santé des enfants, mais aussi de délinquance, fruit de l’absence d’assiduité aux cours » et dit en conclusion : « Il ne peut pas y avoir d’obstacle que l’on ne puisse lever lorsqu’il s’agit de l’avenir de nos enfants et de l’égalité des chances dont ils doivent bénéficier. »
Un autre palliatif, expérimenté de 2015 à 2017, avait dû être abandonné, la distribution de collations à 10h. Il a été victime, selon une élue de Saint-Laurent du Maroni, de « défaillances » à la fois pour la logistique et s’agissant de la contribution demandée aux familles. Mais ici, la pauvreté est grande et, même modeste, la somme exigée des parents s’avère trop lourde pour beaucoup d’entre eux, surtout quand ils ont plusieurs enfants d’âge scolaire.
La situation des élèves
Il existe toutefois, depuis 2019, un système de « petits déjeuners gratuits » dans 6 écoles pas trop grandes. Il n’a pas été possible pour l’instant d’en faire bénéficier les autres écoles. Les 3 lycées et une partie des 5 collèges disposent d’une restauration scolaire, suivant le site qui recense les établissements scolaires de Saint-Laurent du Maroni.
En revanche, dans le primaire, 22 des 24 écoles sont privées de restauration scolaire. S’y ajoutent les 4 groupes scolaires qui réunissent école maternelle et élémentaire. En tout, plus de 10 000 élèves sont concernés. On promet régulièrement aux parents qu’une cuisine centrale, confiée à un prestataire privé, fournira les écoles. Mais qui acceptera le marché tant que l’équilibre financier n’est pas assuré. Et puis, il faut bien des cantines pour asseoir les enfants et leur servir un déjeuner.
Crédit photos: Subman- Gettyimages.
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