Nos régions
Carte de la France - Grand-Est
Carte de la France - Bourgogne-Franche-Comté
Carte de la France - Île-de-France
Carte de la France - Occitanie
Carte de la France - Haut-de-France
Plus

« J’AIME LES CHANGEMENTS DE DIRECTION DICTÉS PAR LE HASARD » : ROMUALD DUCROS, UN PHOTOGRAPHE À SUIVRE.

Exposer le quotidien dans la simplicité, voilà l'adage de ce photographe autodidacte. A l'origine du projet "Duo des Halles", Romuald Ducros, artiste-photographe rémois à l'oeil averti se confie sur ses projets à venir et nous partage sa vision de la photographie: confidences.

Qui êtes-vous Romuald Ducros ?

Je m’appelle Romuald Ducros. J’habite Reims et je suis photographe / vidéaste. Mon père était un passionné de photographie, il était membre du club photo de Bièvre dans les années 70. J’aime… être avec mes filles (Zoé et Jo), la côte atlantique, le cyclisme, le vin.

Quand et comment a commencé votre aventure photographique ?

Je suis autodidacte. J’ai commencé la photo assez tôt avec un Minolta Hi-Matic que m’avait offert mon père. J’ai aussi pas mal bricolé avec sa caméra VHS. Avec mes copains, on s’amusait à créer des parodies de clips, on inventait des histoires avec des personnages improbables. Cette passion ne m’a jamais vraiment quitté et je me suis professionnalisé il y a maintenant un peu plus de 10 ans.

Quel matériel photographique utilisez-vous ? et surtout pourquoi ce ou ces modèle(s) d’appareil ? 

J’ai longtemps utilisé du matériel Canon. Celui-ci avait une longueur d’avance sur les autres en vidéo et il m’importait d’avoir un matériel polyvalent.

Il y a quelques années, j’ai succombé au charme d’un Leica MP. Un boîtier exigeant mais qui permettait une approche plus artistique. Sa petite taille en faisait un objet discret et peu encombrant. Terriblement efficace pour les photos de rue tout comme son homologue argentique, le Leica M6 que m’a prêté Alain Hatat et avec lequel j’aime travailler en pellicule couleur. Depuis, j’ai complété la série en investissant dans un Leica SL2.

Mon objectif préféré est un Summilux 50 mm. Même si cette focale est moins pratique qu’un 35mm pour les photos de rue, je la préfère car elle me permet de recentrer davantage le cadre sur le sujet photographié.

Quelles sont vos références photographiques ? Vos photographes phares ? 

Je n’ai pas une grande culture photographique et je fais assez peu de recherches. J’aime le travail d’Irving Penn qui déplaçait son studio photo dans différents endroits du monde. Son travail de portraitiste est remarquable.

J’aime aussi les compositions d’Erwin Olaf qui façonne ses mises en scène en maître. J’aime aussi… Elliot Erwitt, Diane Arbus, Viviane Maier.

Actuellement, je suis avec attention le travail de Sophie Ebrard, Stephan Vanfleteren, Odieux Boby… mais aussi tous les anonymes du beau projet Anonymous Photo Project.

Où trouvez-vous votre inspiration ? 

Je ne sais pas d’où je tire mon inspiration mais en tout cas ce qui m’incombe tient à la simplicité, à la spontanéité.

Ce que j’ai remarqué, c’est que généralement les idées viennent en faisant. C’est assez incroyable de voir à quel point les choses se font assez naturellement quand on leur laisse la place pour le faire. A vouloir tout maîtriser, tout diriger, on se retrouve souvent dans des choses sans âme. J’aime les imprévus, les changements de direction dictés par le hasard, l’instinct.

Parlez-nous de votre style photographique et ce que cela vous inspire ?

Mon style photographique n’est pas figé. L’idée que je me fais de mon travail n’est pas très précise. Pour moi, la photographie doit être une recherche permanente, ne pas s’arrêter à un style. Il y a tellement de choses à photographier et tellement de façons de le faire que ce serait dommage de se limiter.

Un souvenir de vos shootings que vous souhaiter partager avec nous ? Une anecdote ?

Mon projet photographique « Duo des Halles » reste une expérience marquante. Depuis son point de départ jusqu’à la finalisation de l’exposition et du livre sorti au même moment. Ce projet m’a pris 18 mois avant d’obtenir la sélection de portraits que j’escomptais.

J’ai photographié au final plus de 250 personnes, chalands des marchés, qu’il a fallu convaincre d’accepter de poser avec l’une de ces trouvailles achetée sur le marché et de poser avec devant un objectif dans un studio photo mobile. Il fallait essayer de rentrer dans l’intimité des personnes en très peu de temps, de créer un climat de confiance, d’aisance pour obtenir de l’authenticité, de la singularité.

De quel cliché êtes-vous le plus fier ? Et pourquoi ? Quelle est son histoire ?

L’une de mes photos préférées a été réalisée pendant le confinement. Elle représente un « Fauteuil Crapeau »  duquel s’extrait deux jambes et deux bras. Pendant cette période compliquée, nous étions privés de sorties et une sorte de psychose commençait a naître de ce virus qui était présent mais qu’on ne voyait pas.

Assignés à domicile, il a fallu composer en famille du matin jusqu’au soir. On a eu le temps de faire les 100 pas, redécouvrir des endroits des objets, apprécier se retrouver par hasard dans telle position dans telle ou telle pièce. Nous, comme l’ensemble de notre intérieur, étions obligés de composer ensemble, de ne faire qu’un.

Contraints à ne pas sortir et à ne voir personne, nous nous figions doucement au fil du temps pendant qu’au contraire les objets prenaient vie. Cette composition traduit ces métamorphoses.

@Romuald Ducros

Selon vous, la Covid peut-elle être inspirante ?

La Covid comme toutes les autres contraintes qui nous arrivent amènent à aborder les choses d’une autre façon. Ça contribue bien évidemment à ressentir les choses différemment et donc à produire autrement afin de s’adapter à la situation.

Cette année a donné très peu de place au rendu de travail des artistes mais par contre, elle a été particulièrement productive pour bon nombre d’entre eux. J’espère que la réaction des artistes face à cette situation donnera naissance à des projets sensibles qui nous permettront d’analyser nos comportements pour accepter une approche différente de notre façon de penser, de fonctionner… de voir les choses.

Quelles sont vos actualités ? Projets en cours ou à venir ?

J’ai de nombreux projets personnels en tête mais assez peu de temps pour les mettre en place.

Prochainement, je vais entamer deux nouveaux projets photographiques qui seront réalisés à la demande de Maison Vide à Crugny et au Manège de Reims. Elles donneront lieu à des expositions en 2021-2022. Je continue aussi mon travail de recherche photographique au long cours que je publie régulièrement sur mon Instagram. En ce moment, je suis assez attiré par la matière minérale et ses strates.

Crédit photos: Romuald Ducros.

Vous souhaitez vous exprimer sur un sujet ?

Comment devenir contributeur

Sur le même sujet