JEAN-FRANÇOIS COPPÉ ÉPINGLÉ PAR LA CHAMBRE RÉGIONALE DES COMPTES SUR DES DÉPENSES RÉGLÉES PAR LA VILLE DE MEAUX
La Chambre régionale des comptes d’Ile-de-France vient d’éplucher la gestion de la municipalité entre 2016 et 2021. Elle pointe du doigt des « irrégularités » qui ont bénéficié au maire. Son rapport, récemment publié, estime que les mesures prises par Jean-François Copé pour remédier à cette situation sont insuffisantes.
Pendant 15 ans, la Chambre régionale des Comptes, qui a bien d’autres collectivités territoriales à contrôler en Ile-de-France, n’avait pas mis son nez dans ceux de Meaux. Elle s’est rattrapée en 2021, en épluchant sur 5 ans tous les postes de dépenses de la municipalité, y compris les prises les avantages et remboursements octroyés personnellement au maire. Ses conclusions font écho à un article paru en début d’année dans le Canard Enchaîné et qui avait agité le marigot départemental.
L’hebdomadaire satirique avait revélé l’usage exclusif d’une voiture de fonction et de deux chauffeurs consenti à Jean-François Copé. Il estimait le coût de cette mise à disposition à près de 150 000 € par an. Le maire l’avait justifiée par ses déplacements entre son domicile parisien et la mairie, mais aussi ses nombreuses démarches à Paris, quoiqu’il y demeure, et à Melun…
De son côté, le porte-parole de l’opposition avait pointé du doigt l’absence de distinction opérée entre les déplacements personnels et privés de M. Copé et ceux effectués dans l’exercice de son mandat. Il ajoutait perfidement, lui qui habite en ville : « Le maire de Meaux n’a pas besoin de chauffeur dans le cadre de ses indemnités. Si j’étais maire, j’y renoncerais. »
Des « irrégularités »
Dans son rapport, rendu public ce 17 octobre, la Chambre régionale des Comptes a relevé l’avantage consenti au maire. Elle l’a évalué à 126 000 € par an. Elle a surtout souligné que cela se faisait non seulement en toute discrétion, mais aussi en toute illégalité… Sans « aucune délibération du conseil municipal, pourtant obligatoire », est-il précisé.
Suite à ses observations, la municipalité a pris, en mars 2022, une délibération pour couvrir cette pratique. Mais elle n’a pas cru bon la limiter « aux seuls déplacements justifiés par l’intérêt communal », ce qui « n’est pas conforme au régime juridique des véhicules de service », rappelle la Chambre régionale.
Autre « irrégularité », une indemnité forfaitaire de frais de mandat de 12 000 € par an accordée au maire, sans la moindre pièce justificative. Et ceci alors que M. Copé bénéficie par ailleurs du remboursement de ses frais de représentation via une régie des élus.
Un contexte troublant
L’ancien ministre du Budget de Jacques Chirac et ex-président de l’UMP n’est pourtant pas à plaindre. Comme maire, il perçoit des émoluments qui se montent à environ 4 400 euros brut par mois. En tant que président de la communauté du Pays de Meaux, s’y ajoutent 3 500 euros brut d’indemnités mensuelles supplémentaires. A titre professionnel, comme avocat au cabinet Stehlin et associés, il a déclaré des honoraires bruts annuels pour un montant supérieur à 1 million d’euros.
Dans le même temps, la ville de Meaux vient de décider tout un train d’économies pour faire face à la hausse des coûts de l’énergie. Y figure l’annulation de la rénovation de la place de l’Hôtel de Ville et de la réalisation concomitante d’un parking souterrain, qui devaient permettre une circulation harmonieuse en centre-ville.
Crédit photos: Astrakan25 CC BY-SA 4.0.
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