LA CENTRALE GÉOTHERMIQUE DE BOUILLANTE RÉDÉMARRE
La centrale de Bouillante était à l’arrêt, total ou partiel, depuis 4 mois et demi, sur décision du préfet à la suite d’une inspection qui avait pointé des problèmes de suivi et de sécurité. Ceux-ci réglés, un nouvel arrêté préfectoral a autorisé la reprise de l’activité, effective depuis début janvier.
Le site de Bouillante est en exploitation depuis 1986. Il produit de l’électricité à partir de l’énergie géothermique. L’activité volcanique de la Soufrière, distante de 15 km, a créé des réservoirs d’eau à 250°. C’est la haute pression de la vapeur d’eau canalisée qui entraîne les turbines. Un premier réservoir, situé à 350 m sous terre, a été utilisé jusqu’en 2005, avec des arrêts provoqués par des problèmes de baisse de pression et d’instabilité du sol.
De nouveaux forages du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), maître d’œuvre en la matière, ont permis de découvrir et d’exploiter un autre réservoir, à une profondeur de 1 000 m. Une seconde unité de production, appelée Bouillante 2, est en activité depuis 2005. A elles deux, elles utilisent 122 tonnes à l’heure de vapeur d’eau à 6 bars de pression, pour produire environ 15,5 MW, dont 11 MW pour la plus récente. Ceci représente entre 6 % et 7 % de l’électricité consommée dans l’archipel.
La société d’exploitation Géothermie-Bouillante a été reprise en 2015 par une société américaine Ormat Technologies, un des leaders mondiaux de la géothermie, actif dans 23 pays. En août dernier, une inspection de la DEAL (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement) de Guadeloupe a révélé des irrégularités dans le suivi des paramètres du site et un risque d’ébullition dans le réservoir. Le 1er septembre, le préfet ordonnait l’arrêt de l’activité en raison de ces « constats mettant en cause la gestion durable et sécuritaire du réservoir géothermique ».
Une reprise partielle a été autorisé le 16 septembre, après que la société d’exploitation a « restauré les outils permettant le suivi thermodynamique du réservoir » et que le risque d’ébullition a été écarté. A la suite d’un rapport complet et d’ajustements postérieurs, précisés dans le communiqué de la DEAL, la reprise de l’activité normale a été autorisée. La centrale de Bouillante devrait retrouver d’ici quelques jours son niveau normal de production.
Avantages de la géothermie
Les « Fontaines Bouillantes », auxquelles la ville doit son nom, sont des phénomènes naturels. Leur exploitation adaptée à la production d’électricité présente de nombreux avantages par rapport aux centrales thermiques, habituelles par ici. Celles-ci dépendent de l’importation d’énergies fossiles, qui concourent gravement à la pollution et au réchauffement climatique.
En recourant à la géothermie, beaucoup d’îles des Caraïbes pourraient espérer acquérir leur autosuffisance, en complément des autres énergies renouvelables (vent, soleil…). La première offre en outre, par rapport aux secondes, une grande régularité d’approvisionnement, quels que soient l’heure et le temps.
Précautions et projets
On l’a vu, il y a tout de même des précautions à prendre, notamment dans la gestion des réservoirs d’eaux très chaudes et sous pression. Une des solutions trouvées ici consiste à utiliser les forages du BRGM inutilisés pour réinjecter l’eau, une fois séparée de la vapeur.
L’extension du site est à l’étude et devrait, d’ici quelques années, déboucher sur un triplement de la production, qui atteindrait 45 MW.
Crédit photos: LPLT CC BY-SA 3.0.
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