LA RÉCOLTE DES GLANDS EN FORÊT DE FONTAINEBLEAU, UNE INITIATIVE DE L’ONF
Étrange récolte, en octobre, dans plusieurs forêts d’Ile-de-France, dont celle de Fontainebleau… Elle voit des glaneurs d’un autre genre ramasser délicatement les fruits des grands chênes à leur pied. Sélectionnés avec soin, les arbres vont ainsi fournir des plants de qualité destinés à repeupler les forêts françaises.
Seaux ou paniers en main, les ramasseurs s’emploient, entre début et fin octobre, à repérer les glands et à les trier. Ne sont gardés que ceux qui sont bons à être replantés. On les reconnaît à leur couleur et à leur consistance, ils sont verts ou marrons foncés, fermes et dodus. Les autres ont perdu leur vitalité, prenant un air rabougri et une teinte beigeasse.
Si ces « glaneurs » des forêts (ne pas confondre avec « glandeurs ») font ainsi concurrence aux sangliers et autres animaux friands de glands, c’est pour la bonne cause. La récolte va servir à faire pousser des chênes de qualité dans les forêts françaises. L’initiative revient à l’ONF (Office nationale des forêts) qui gère les forêts domaniales et surveille les autres.
Elle n’envoie pas ses équipes n’importe où. Elle choisit avec soin les forêts et, au sein de celles-ci, les parcelles où s’effectue le ramassage.
Le processus de sélection est le fruit d’observations et d’analyses. En Ile-de-France six vastes domaines forestiers ont été choisis : Fontainebleau, Dourdan, Saint-Germain, Villefermoy, Marly et Sourdun. « Leurs conditions climatiques et pédologiques confèrent aussi à leurs arbres une grande qualité », explique l’ONF. A l’intérieur, seulement quelques parcelles sont retenues. « Les ramassages réalisés au sol ne concernent que quelques parcelles classées, reconnues pour la qualité des arbres et la pureté de l’espèce, dont l’héritage génétique se retrouve naturellement dans les fruits, ajoute l’ONF. A Fontainebleau par exemple, seuls 120 ha sont sélectionnés sur les 22 000 ha du massif. »
Parmi les qualités recherchées et confirmées par des analyses, figurent aussi la rapidité de croissance et la résistance aux agressions.
Procédure rigoureuse
Après tri et collecte, les glands sont transférés dans de grands sacs de 30 litres, soigneusement scellés et identifiés par des numéros certifiant leur provenance exacte. La plupart sont transportés jusqu’à la sècherie de la Joux dans le Jura. Examinés avec soin lors d’un nouveau tri, les meilleurs sont stockés en chambre froide jusqu’au printemps. Les semences de chêne ne se conservent pas bien au-delà d’un hiver, ce qui nécessité d’en récolter chaque année.
Confiés à la pépinière de l’ONF aux Essarts, dans la forêt d’Eawy en Seine-Maritime, ou bien à des pépiniéristes privés, elles vont donner naissance à des plants. Au bout de deux ou trois ans, une fois qu’ils auront atteint une trentaine de centimètres, ceux-ci serviront à replanter les forêts ; en particulier celles qui souffrent du réchauffement climatique.
Autres récoltes
En raison précisément du changement climatique, ce travail a pris beaucoup d’ampleur depuis quelques années. Suivant les données de l’ONF, 19 000 litres de glands ont été récoltés en 2020. Ils ont permis de faire pousser 1,8 million de plants et devraient fournir ainsi de quoi replanter 1 800 hectares. La traçabilité des graines et des plants donne aux forestiers la possibilité de choisir, en fonction de leur origine, les mieux adaptés aux zones à reboiser.
L’ONF ne se soucie pas seulement de replanter des chênes, mais aussi bien d’autres espèces, parfois simplement pour les conserver et souvent pour permettre à d’autres de les planter ailleurs. C’est le cas notamment de ses châtaigniers, pommiers, poiriers, cormiers et charmes, pour lesquels d’autres récoltes sont organisées.
Crédit photos: Yujie chen – GettyImages.
Vous souhaitez vous exprimer sur un sujet ?