LA ZONE POINTE À PITRE/JARRY/LE RAIZET MENACÉE DE SUBMERSION D’ICI 20 ANS
La suite du 6ème rapport du GIEC vient d’être divulguée. Elle pointe notamment la vulnérabilité des petites îles, qui pourraient devenir inhabitables. En Guadeloupe des relocalisations d’activités et de logements sont inévitables dans la prochaine décennie. Le retard dans les décisions se paierait très cher.
Le temps nous est compté. Le 6ème rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), dont le volume 2 a été rendu public lundi 28 février, détaille les effets désastreux du réchauffement climatique qui continue de s’amplifier.
On n’en aperçoit pour l’instant qu’une petite partie. « Il y a un effet retard, explique Jean-Marie Flower, écologue, au micro de Guadeloupe la 1ère, on ne verra vraiment que dans 20 ans tous les impacts négatifs des décisions prises aujourd’hui. »
En clair, le déchaînement des conséquences dramatiques du réchauffement est devant nous et nous n’en avons pas encore une réelle conscience collective. Des signes existent, comme la multiplication des inondations majeures, la puissance et la fréquence des cyclones, ou encore la mort des massifs coralliens et même la hausse du prix des énergies fossiles. Mais nous sommes loin d’en mesurer l’ampleur et de nous y préparer.
Submersion chronique à partir de 2030
Le mérite des experts du GIEC est de nous alerter aussi sur les effets directs sur nos lieux et nos modes de vie. Le dernier rapport précise comment les îles, comme les Antilles, seront affectées.
Virginie Duvat, professeur de géographie à l’Université de La Rochelle, a rédigé la partie du rapport consacrée aux îles tropicales. Au micro de Guadeloupe la 1ère, elle s’alarme de la vulnérabilité de la zone englobant Pointe-à-Pitre, Jarry et Le Raizet, qui se situe à 1m d’altitude et moins : « On s’attend à des phénomènes de submersion chronique à marée haute, sans même une situation de tempête, à partir de 2030. »
Il faudra, selon elle, relocaliser une bonne partie des logements et des activités économiques qui s’y trouvent, comme on s’y prépare déjà à Miquelon (St-Pierre et Miquelon) ou au Prêcheur (Martinique).
« Entre 2040 et 2050, nous n’aurons pas le choix, dit-elle, car les ingénieries côtières et les solutions fondées sur la nature deviendront obsolètes avec le renforcement de la pression climatique. » Faute de s’y résoudre, les dégâts seront considérables et les coûts, faramineux.
Autres conséquences très graves
S’y ajoutent déjà la dégradation accélérée des récifs coralliens et des mangroves, qui engendre peu à peu la destruction des écosystèmes du littoral, y compris la pêche et le tourisme.
A partir de 2° de réchauffement, 99 % des coraux seront sinistrés. A partir de 3°, les espèces endémiques disparaîtront de nos îles (Mayotte et La Réunion sont aussi concernées°.
Les périodes de sécheresse, déjà sensibles, s’accentueront. A ce rythme, il ne sera plus toujours possible de s’y adapter dans la seconde moitié du siècle. Des parties de ces îles, voire des îles entières, s’agissant des plus fragiles, deviendront inhabitables.
Crédit photos: Olivier Laroche CC BY-SA.
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