L’AFFAIRE DES VIOLENCES ET DU RACKET ORGANISÉS BIENTÔT DÉPAYSÉE EN MARTINIQUE
Deux récentes décisions de la justice semblent prouver que l’affaire des gangs à l’origine des violences organisées à la faveur du mouvement antivax ne fait que commencer. Celle-ci devrait être bientôt confiée à la Juridiction interrégionale spécialisée de Fort-de-France. Par ailleurs les 7 prévenus membres de ces gangs ont vu leur demande de libération rejetée.
La nouvelle a été confirmée hier et prouve que la Justice prend très au sérieux l’accusation qui vaut aux leaders et membres de deux gangs, « Chien La Ri » de Baie-Mahaut et « Sektion Kriminel » de Pointe-à-Pitre, d’être incarcérés. Ils ont été présentés par le procureur de Pointe-à-Pitre comme les auteurs de violences très graves commises à la faveur de la récente crise sociale. Ils seraient aussi les auteurs de tentatives de racket sur des entreprises et des collectivités locales et auraient été en contact avec certains responsables du collectif anti vaccination obligatoire.
En tout cas, ces derniers n’ont pas mégoté leur soutien à ceux qu’ils appellent « grands frères ». De même que certains élus et non des moindres, qui semblent avoir été manipulés et cherché à acheter un peu de tranquillité dans leurs villes. On a vu des militants et des responsables du collectif se masser devant le commissariat, puis le tribunal lorsque les membres des gangs y étaient entendus par les enquêteurs, puis par les juges.
Ces manifestations posent la question d’un exercice serein de la justice, sans être soumis à des pressions locales, plus ou moins violentes et sournoises. La réponse du procureur a été de demander aux juges d’instruction de Pointe-à-Pitre de se dessaisir au profit de la Juridiction Interrégionale spécialisée (JIRS), qui siège à Fort-de-France. Ce devrait être bientôt le cas.
JIRS et DCPJ à la rescousse
Les JIRS sont des tribunaux judiciaires à qui sont confiées les affaires les plus complexes et sensibles, notamment dans les domaines de la finance, du grand banditisme et du trafic international de stupéfiants. Elles bénéficient d’expertises et de moyens d’investigation plus pointus et plus étendus. Celle de Fort-de-France est compétente pour les Antilles et la Guyane.
La direction territoriale de la police nationale de Guadeloupe demeure chargée de l’enquête sur le terrain, avec l’appui, comme c’est déjà le cas depuis fin novembre, d’une équipe d’enquêteurs envoyée par la DCPJ (Direction centrale de la police judiciaire).
Incarcération confirmée
Avant ce nouveau développement de l’affaire, les avocats des prévenus avaient saisi la Chambre d’instruction de Pointe-à-Pitre d’une demande d’élargissement.
Cette formation de la Cour d’appel est chargée de superviser et de confirmer ou d’invalider les décisions des juges d’instruction, en particulier s’agissant des mises en détention. Dans ce cas, elle a confirmé la mesure de détention provisoire, déjà entérinée par le juge des libertés.
Cette décision signifie qu’aux yeux des magistrats de la Chambre, les charges pesant sur les membres des gangs sont lourdes et bien étayées et qu’ils pourraient être tentés d’échapper à leur procès. Elle devrait aussi faire vaciller la détermination des élus et des membres du collectif qui avaient d’emblée pris la défense des hommes de main de « Chien La Ri » et « Sektion Kriminel ».
Crédit photos: Zolnierek – AdobeStock.
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