L’AXONAISE SUZANNE NOËL, NOUVELLE HÉROINE DE LEILA SLIMANI
Pionnière de la chirurgie esthétique, elle répara les « gueules cassées » de la Grande Guerre et participa à la reconnaissance des droits des femmes. Elle est l’une des fondatrices de la chirurgie correctrice et réparatrice en France, mais aussi une femme de conviction qui a œuvré pour l’émancipation des femmes dans les années 1920. Mais son […]
Pionnière de la chirurgie esthétique, elle répara les « gueules cassées » de la Grande Guerre et participa à la reconnaissance des droits des femmes.
Elle est l’une des fondatrices de la chirurgie correctrice et réparatrice en France, mais aussi une femme de conviction qui a œuvré pour l’émancipation des femmes dans les années 1920. Mais son apport tant à la médecine qu’à la cause féminine a été injustement oublié. Aux éditions Les Arènes, Leila Slimani et Clément Oubrerie viennent de publier À mains nues, une bande dessinée consacrée à Suzanne Noël dans laquelle ils retracent le parcours de cette femme avant-gardiste.
Issue de la bourgeoisie, Suzanne Noël naît en 1878 à Laon. Après son mariage avec le dermatologue Henri Pertat, elle déménage en 1897 à Paris où elle étudie la médecine, un domaine réservé quasi exclusivement aux hommes à cette époque. Interne à l’hôpital du Val-de-Grâce, alors que la Première Guerre éclate, elle fait la rencontre du chirurgien Hippolyte Morestin. Ensemble, ils se consacrent à la reconstruction des visage de ces soldats atrocement mutilés.
En 1918, son mari décède. Suzanne Noël se remarie avec son amant, le chirurgien André Noël. Ce dernier se suicide quelques années plus tard, ne supportant pas le décès de leur unique fille, Jacqueline, qui succombe à la grippe espagnole. En 1924, elle crée la branche française du club britannique exclusivement réservé aux femmes, Soroptimist. « Je m’étais en outre spécialisée dans la chirurgie plastique, inconnue jusque-là. On disait de moi que j’étais deux fois folle », écrit-elle alors. Elle s’engage dans le mouvement de reconnaissance des droits des femmes et devient une figure « controversée » du féminisme.
Parallèlement, elle contribue à développer les techniques de reconstruction à la suite de mutilations mais aussi pour effacer les disgrâces physiques de femmes qui viennent la consulter à son cabinet parisien. « Suzanne Noël remodèle les seins, les fesses ou les ventres des femmes dont les corps ont été abimés. Ses instruments, elle les crée. Certains d’entre eux, encore peu utilisés comme les pinces ou le craniomètre, le sont aujourd’hui. Elle met en place de nouvelles techniques, comme l’ancêtre de la liposuccion », explique le Huffington Post. En 1928, elle reçoit la Légion d’honneur et la reconnaissance de la Nation, « pour sa contribution à la notoriété scientifique de la France sur la scène internationale ».
Pendant la Seconde guerre mondiale, elle met ses talents au service de la Résistance où elle modifie le visage des personnes, et notamment des Juifs, recherchées par la Gestapo. À la Libération, elle entame une tournée à travers le Monde pour promouvoir la chirurgie plastique et ses idées féministes. Suzanne Noël meurt en 1954.
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