LE COMBAT DE JEANNE DESPARMET-RUELLO POUR L’ÉGALITÉ D’INSTRUCTION ENTRE FILLES ET GARÇONS
Jeanne Desparmet-Ruello a combattu toute sa vie pour améliorer la condition des jeunes filles dans un état inégalitaire entre filles et garçons dans la fin du XIXe siècle. Claire Paul, agrégée de lettres et professeure de français à Lyon, nous raconte l’histoire de cette pionnière de l’éducation féminine !
Jeanne Desparmet-Ruello, c’est avant tout une femme cultivée pour son temps. Elle n’aura de cesse de s’instruire, même dans des disciplines qui sont pourtant interdites aux jeunes filles. Au couvent où elle a grandi, la lecture est en quelque sorte une échappatoire à sa solitude. Il est d’ailleurs intéressant de découvrir qu’elle délaisse les auteurs de son époque (Dumas et Flaubert entre autres), et leur préfère Jean-Jacques Rousseau. Et Jeanne ne s’arrête pas à la littérature. Elle découvre d’elle-même, au travers des livres, la géométrie ou encore les sciences naturelles.
Sa curiosité, et surtout sa ténacité qui la pousse à refaire plusieurs fois la même chose jusqu’à arriver au résultat voulu, l’amèneront jusqu’à la réussite. À tout juste dix-huit, elle devient institutrice au cours Ruello, fondé par sa grande sœur Julie : cette envie d’instruire les jeunes filles ne la quittera jamais. Et sa soif d’apprendre est telle qu’elle poursuivra tout de même ses études en parallèle, jusqu’à l’obtention de son baccalauréat puis de sa licence ès sciences !
Claire Paul nous fait découvrir cette femme d’exception au travers de ce récit biographique sous forme de roman-document. Car les défis de Jeanne sont nombreux : appelée à diriger le premier lycée pour jeunes filles de France, elle est confrontée à de nombreux obstacles. À une époque où la domination masculine est bien encrée, il est bien difficile de faire changer les mentalités. Beaucoup de personnes restent fermées à l’idée d’instruire les filles hors de l’enseignement religieux. Et l’image traditionnelle de la femme française, dévouée à son mari et présente pour ses enfants, est encore très persistante.
Le combat de Jeanne Desparmet-Ruello est donc une lutte incessante. Une lutte pour la condition féminine, pour l’instruction des jeunes filles à l’égal des garçons. Et c’est cette passion et cette ténacité qui nous tiennent tout au long du récit. Bien que l’on sache dès le premier chapitre la réussite qui sera la sienne avec l’inauguration du premier lycée pour jeunes filles de Lyon, on sait également que les obstacles seront nombreux, et certains sont d’ailleurs surprenants, comme le fait que Jeanne soit obligée de faire du porte-à-porte pour trouver de nouvelles élèves pour son établissement de Lyon qui ne compte qu’une trentaine d’inscriptions à la rentrée ! Ces obstacles nous captivent de bout en bout du récit, car nous découvrons de quelle manière Jeanne les surmonte.
Cette femme est peu connue, alors qu’elle a pourtant fait de grandes choses pour la cause féminine. Son histoire est passionnante et côtoie de grands noms comme Jules Ferry et Édouard Herriot. Son combat, d’abord pour l’égalité, se veut de plus en plus féministe au fil des années. Jeanne écrira d’ailleurs à plusieurs reprises pour La Fronde sous un pseudonyme. Et on ne peut pas omettre non plus l’affaire Dreyfus, pour laquelle Jeanne aura un avis bien tranché.
« Jeanne Desparmet-Ruello – Le combat d’une femme pour les femmes » est un récit richement documenté (photos, textes de lois, discours). L’écriture fluide nous plonge dans la vie incroyable de cette femme avec beaucoup de facilité. On ne sort pas indifférent d’une telle lecture. À notre époque, difficile d’imaginer à quel point ce combat a été à toutes épreuves pour les défenseurs de l’égalité d’instruction entre filles et garçons.
Une volonté inébranlable de vouloir changer les choses, une ténacité hors du commun : Claire Paul nous ouvre les yeux sur le combat de cette pionnière de l’éducation féminine !
Crédit photos: Claire Paul- Média Livres.
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