A LA DÉCOUVERTE DES CHANTIERS NAVALS DE LA CIOTAT AVEC CÉCILE POUJOL

Au cours de la lecture, celui qui découvre La Ciotat va surtout s’immiscer dans le quotidien des hommes et des femmes travaillant aux chantiers navals, en Méditerranée. Au travers de son œil et de tous ceux qui enrichissent la ville et l’industrie tout autour, l’ouvrage donne une certaine beauté et chaleur à ce monde qui semble pourtant si métallique et froid, pour le commun des mortels.

Pour y parvenir, Cécile Poujol s’entretient avec différentes personnes, toutes importantes et faisant partie du paysage de la Ciotat. Parmi eux, Gaston Neulet. Ce passionné a l’expérience du terrain. Un passif composé de grandeurs et de chutes, aussi dantesques que les sommets. Le destin de ces chantiers est lié aux crises économiques et à l’exploitation des énergies fossiles. Ces périodes « choc » sont retransmises lors des visites qu’il organise à la Maison de la Construction Navale.

Pierre Lallemand est le « guerrier des étoiles », dernier constructeur de bateaux avec le savoir-faire à l’ancienne. Avec son équipe, Cécile se remémore les premières ébauches de son bateau avec émotion. La passion est contagieuse : même celui qui ne s’intéresse pas à l’univers maritime reconnaît le génie manuel de ce constructeur, neveu du navigateur Jean-Marie Vidal. C’est de famille ! Une rencontre décisive avec Sébastien Grall, charpentier de marine et PDF du chantier naval de Ixblue semblent sceller son destin. A ses débuts, l’équipe entreprend des nouvelles techniques, qui ne fonctionnent pas du premier coup.

Au cours de la lecture, Cécile Poujol expose ses interrogations et ses craintes quant à l’avenir des chantiers. Les jeunes qui s’orientent vers une telle carrière ne sont pas toujours accompagnés dans des bonnes conditions. Par exemple, certains ne se forment pas à proximité de la mer et n’évoluent donc pas au contact de l’eau ni en visualisant la grandeur des chantiers. L’expérience et la volonté de partage avec les futurs acteurs des chantiers de demain sont de ce fait essentielles pour la navigatrice, qui va à la rencontre des lycéens de La Ciotat. 

Erik Wirta est « l’entrepreneur devenu repreneur ». Patron du chantier depuis 2011, originaire des États-Unis, spécialiste du beau et du chantier de bois. En 2007, il a été embauché comme chef de projet chez Classic Works. L’entreprise prend en charge des bateaux en bois ou en métal. La main-d’œuvre locale est variable, au fil des saisons. Ses nombreuses anecdotes témoignent d’une véritable affection pour son cadre de vie.

Rémy Janoyer, le « Ciotaden » dépend de Monaco Marine, société implantée aux chantiers navals de La Ciotat depuis 2007. Dock aster, il gère les arrivées et départs des bateaux en maintenance. Les moyens déployés pour accueillir chaque cas spécifique sont dantesques. Après un parcours fort en pratique et en techniques, celui-ci a fondé la Monaco Marine, pour former les individus en interne. 

Carole Chaize est océanographe, la seule femme du panel interviewé, preuve d’un déséquilibre important entre les genres au sein du chantier naval. Sa spécialité est le génie côtier, c’est-à-dire qu’elle s’occupe surtout à l’environnement physique, une charge essentielle pour créer des cartes marines. Originaire de Haute-Savoie, elle a débuté par l’étude des lacs, puis s’est lancée dans une école à Cherbourg, en Normandie. Un impressionnant parcours où se mêlent théorie des cours et réalité du terrain, avec des opérations côtières risquées. Son histoire l’a également menée à exercer sur le territoire Africain. 

Dans un aparté, Cécile Poujol témoigne au sujet de la création d’un projet, concernant les femmes de La Ciotat « Femme à la Barre », dans un milieu très fermé et masculin. 

Arnaud Barlatier est électrotechnicien à La Ciotat Ship-yards depuis une dizaine d’années. Il s’occupe de l’entretien, de la réparation des machines du site incluant les grues que l’on aperçoit dans la baie. Cela demande une connaissance des anciens mécanismes, datant parfois de 40 ans mais aussi les toutes nouvelles.

Yves Bastide est guide des chantiers : il a souvent changé de casquette : moniteur, professeur, voyageur… Il est la preuve que se lancer dans l’aventure de la mer n’est pas prédestiné par le lieu de naissance ni le parcours. Le contact avec le savoir-faire à la française l’a mené sur la voie de la restauration, chez Composite Works. 

Gérard Carrodano est patron-pêcher à La Ciotat, chasseur sous-marin. Il a fait fortune en commercialisant des loups, et en approvisionnant des aquariums. Ce « berger de la mer » a eu des altercations avec la législation. 

Au gré de ses interventions, Cécile Poujol évoque la sensibilisation d’un public de détenus aux chantiers navals. Après avoir contacté la SPIP, elle a réussi à organiser une première visite des chantiers.

Pascal Pellat-Finet est un navigateur, le capitaine de Tiara, super yacht. Son bateau a parcouru l’équivalent de 20 fois le tour du monde ! Né à Paris, il a grandi à Toulon. Après des aventures et traversées cocasses, il narre ses voyages à l’autre bout du globe ainsi que son retour à La Ciotat où les chantiers reprennent.

Hervé Franquet est le gérant du bar le Central, figure incontournable du port, supporter de rugby, installé depuis 1992. Il y voit une clientèle qui se constitue essentiellement des membres d’équipages arrivant à La Ciotat. 

Dominique Santucci est Ciotaden de naissance, pompiers volontaires depuis 17 ans, il occupe le poste de garde. Il gère donc la sécurité du site. Le lieu dépend de la Ciotat Shipyards. L’équipe se compose de six agents.

Stéphane Allégrini est né en 73, il a vu l’évolution du chantier : réussite et crise. Stéphane a accompagné les plus fragiles, afin de favoriser et aider leur quotidien – à gérer les quartiers. Cela inclut la restructuration et la construction de nouveaux quartiers liés au chantier naval. Aujourd’hui, la reprise du chantier semble favorable. Tous les mois, Stéphane organise des expositions pour faire connaître l’Histoire aux Ciotadens actuels. Selon ses dires, l’évolution est en marche et l’avenir s’annonce radieux pour les habitants et pour le chantier. 

Le livre s’achève sur une immersion dans la vie des sauveteurs en mer, par Cécile Poujol. L’équipage se compose de 8 personnes.

L’ensemble a été illustré par l’artiste-peintre Lili le Gouvello, habituée des chantiers navals de La Ciotat. 

Crédit photos: MÉDIA LIVRES.