MARNE : DÉCOUVREZ LE ROLLER DERBY AVEC LES BEASTIE DERBY GIRLS
Loin d'être "un club de gonzesses à roulettes qui se tapent dessus", le roller derby est un sport physique qui a beaucoup évolué ces dernières années mais qui est aussi très encadré. A Reims, les Beastie Girls doivent chacune occuper une vraie place au sein de l'association, de cette petite famille en devenir. Chacune s'entraide et doit apporter sa pierre à l'édifice. Loin de toute discrimination, on y apprend la maîtrise de soi, le tact et surtout le plaisir de jouer ensemble. Nous avons eu la chance de rencontrer Agathe Lesueur, maman à plein temps et présidente de l'association sportive "Les Beastie Derby girls" à l'occasion de la soirée "Roller Disco" qui aura lieu à Quartier Libre ce samedi 20 novembre à 20h00.
Présente-toi et raconte-nous comment est née ta passion pour ce sport qu’est le roller derby ?
Agathe Lesueur: Je m’appelle Agathe, au derby, on m’appelle « Mamie » car je suis la doyenne de l’association, j’ai 43 ans et cela fait presque 10 ans que j’ai découvert le roller derby, un peu par hasard à une soirée, pendant laquelle une connaissance, chaussée de ces patins à roulettes, se rendait à un entraînement.
Je m’y suis donc rendu aussi, au début, il y avait une dizaine de participantes dans l’équipe, cette année nous fêtons les 10 ans de l’association et nous sommes environ 50 adhérents aujourd’hui. C’est l’originalité de ce sport qui m’a plu, je fais du patin depuis que je suis toute gamine, j’aime les sports de glisse et j’ai aimé les individualités des Beastie Girls, sans stéréotype, toutes différentes. Je suis donc entrée dans cette association sportive où tout se fait pour et par ses membres.
Dans les faits, le roller derby est un sport de contact sur patins à roulettes, le but du jeu est de marquer le plus possible de points. Une jammeuse (scoreuse) par équipe, qui a pour mission de dépasser un maximum de fois ses adversaires en faisant des tours de piste. Chaque adversaire dépassée donne droit à un point. Le rôle des défenseurs (blockeuses) est donc d’empêcher la scoreuse adverse de passer et d’aider sa propre jammeuse. Pour cela, on utilise notre corps pour bloquer et heater (contacter) les adversaires avec des coups d’épaules, de fesses, de hanches. En tout, il y a 8 blockeuses et 2 jammeuses sur le terrain en plus des arbitres. Il y a beaucoup de stratégie dans ce jeu en fonction de l’équipe adverse, ce n’est pas qu’un sport de contact, il y a une vraie entraide entre les coéquipières pour pouvoir marquer des points. Généralement, nous sommes protégés grâce à des coudières, genouillères, protège-poignets, un protège-dents et un casque.
Durant un match, il a 2 périodes de 30 minutes et dans chaque période de 30 minutes, il y a des jams, sorte de manches, de maximum 2 minutes chacun. On reconnaît la scoreuse car elle a une étoile sur son casque. Pour l’arbitrage, un match de roller derby nécessite au minimum 7 arbitres sur patins et quelques-uns sans patins.
Qui sont les Beastie Derby Girls ?
AL: Les Beastie Derby Girls sont un collectif, un club de sport, au début c’était assez rock’n’roll et destroyed, peintures de guerre et collants déchirés, aujourd’hui, ce sport s’étant démocratisé et ayant beaucoup évolué, nous sommes toutes en tenue de sport, loin des clichés passés. Ce sport a pris beaucoup d’ampleur ces dernières années.
On a pas mal galéré au début, car nous n’étions pas nombreuses, il a donc été difficile d’avoir une infrastructure qui nous permette de nous entraîner, mais à force d’efforts et grâce à la récurrence de nos demandes, la municipalité de la ville de Reims nous a finalement pris au sérieux et nous a octroyé un gymnase près de Croix-Rouge.
Notre association de joueuses est exclusivement féminine, c’est un choix assumé de notre part. Il y a bien entendu des hommes à l’arbitrage et notre coach bien sûr ainsi que des bénévoles.
Quels sont les objectifs et les valeurs de cette association de Roller Derby dont tu es la présidente depuis 3 ans ?
AL: Je suis présidente depuis 3 ans, j’ai fait partie du CA une année à mon arrivée et ayant le contact assez facile, je me suis lancée, confortée par mes équipières. Je n’avais, auparavant, jamais fait partie d’une quelconque instance dirigeante et n’avait pas d’expérience, mais via mon parcours professionnel, j’avais une bonne connaissance des associations et de la municipalité dans son ensemble. J’ai compris, au fur et à mesure, comment l’association fonctionnait et les rouages associatifs en rapport. Notre objectif est avant tout de re-créer un collectif, et que tout le monde retrouve sa place au sein de l’équipe après l’épisode de Covid qui nous a un peu paralysé ces dernières années.
Nous accentuons nos efforts sur la transmission, ce qui ne veut pas pour autant dire que nous ne nous focalisons pas sur la compétition et les championnats mais il faut avant cela reféderer nos adhérentes.
Objectif: Les play off d’ici 3 ans ! Il y a un vrai objectif compétitif derrière aussi à ne surtout pas minimiser.
L’objectif de l’association est de faire rayonner ce sport dans son ensemble, tout en gardant l’identité propre des Beastie Derby Girls. C’est récurrent dans chaque club finalement, nous ne rentrons pas dans un moule tout fait, c’est à nous de le façonner. Nous avons à cœur que ce sport soit pleinement reconnu !
Pas trop de bobos après les matchs ?
AL: Si, bien sûr, mais nous en sommes fiers, on les arbore avec le sourire, ils sont souvent synonyme de victoire, et fièrement, ces petites cicatrices nous suivent au fur et à mesure des matchs parfois. Je suis assez robuste, mais j’ai eu pas mal d’entorses aux genoux et aux chevilles, ce sont évidemment des choses qui arrivent, on accepte et on prend le temps de se rétablir.
Quand il nous arrive d’être blessées, on se rend malgré tout utile à l’association, on vient encourager les filles, on continue à faire partie du groupe, de cette petite famille. Il y a un grand esprit de solidarité et de partage au sein des Beastie.
Quel est ton meilleur souvenir en équipe pendant un derby ?
AL: Mon meilleur souvenir de match, c’était à Arras il y a quelques années. Mon anniversaire avait eu lieu 2 jours avant, et lors de ce match, on était à égalité une dizaine de minutes avant la fin avec l’équipe adverse, le score était très serré, nous avons du refaire « un jam », (une partie), nous avons demandé un temps mort avant cet ultime jam, un sacré combat et nous avons finalement remporté la victoire, une effervescence totale, il y avait une vraie intensité, un vrai partage. On a toutes sauté de joie et pleurer en se prenant dans les bras, c’était mémorable !
Que dirais-tu aux jeunes filles qui voudraient s’essayer à la pratique du Roller Derby ?
AL: C’est un sport impactant, mais tout est fait, notamment dans les entraînements pour apprendre à tomber, à recevoir les impacts, afin de garantir un maximum de sécurité pour soi-même, ses adversaires et son équipe. On ne pratique pas seulement le roller derby, cela ne suffit pas, il faut s’entraîner et apprendre à son corps, en le sculptant, les rouages de la discipline. Il est question d’avoir une certaine aisance dans les impacts pour ne pas fragiliser son corps.
Il faut réellement être en capacité de ne pas être un danger pour soi-même, ni pour les autres, et permettre le déroulement normal du jeu. Pour cela, il y a des tests, (minimum skills) pratiques et théoriques pour garantir aux joueuses la pratique du roller derby sans danger, ce qui n’exclut évidemment pas les accidents, les blessures et les chutes éventuels qui font partie de ce sport comme dans beaucoup d’autres.
C’est un vrai sport de copines, et c’est parce que nous partageons le même amour du sport que nous nous sommes rapprochées et que nous nous sommes découvertes. Une fois sur le terrain, le but est le même pour tout le monde, gagner et prendre du plaisir à jouer.
C’est un sport qui est fait par les femmes, pour les femmes. Il y a beaucoup d’empowerment dans le monde du derby.
Cela fait quelques années que les recrutements se déroulent sur le mois de septembre, évidemment avec les soirées « roller disco » nous espérons quelques retombées tant en matière de visibilité que de nouvelles recrues. Nous sommes en train d’évoluer en ce sens, pour fortifier l’équipe et pour faire vivre la discipline. Chez les Beastie, nous ne prêtons pas attention au niveau des nouvelles recrues, il est possible de faire partie de Beastie et ne jamais avoir fait de patins à roulettes.
Il n’y a aucun standard, aucun pré-requis à l’entrée, notre but est de rassurer les nouvelles venues, nous leur apprenons à patiner, à tomber à encaisser les coups, à gainer et utiliser leur corps pour recevoir les impacts, à tel point que souvent, les nouvelles venues oublient qu’elles ne savaient pas patiner à leur arrivée.
Pourquoi faut-il absolument venir à Quartier Libre pour la « Roller Disco » ce samedi à la Petite Halle ?
AL: Nous avons plus de 25 adhérents qui se sont mobilisés pour que la soirée soit une réussite, on s’est donné beaucoup de mal pour que tout soit réuni et cela nous tenait beaucoup à cœur de mener ce projet à bien car cela fait plusieurs années que nous en parlons. Cette soirée « roller disco » a déjà été reportée plusieurs fois alors c’est le moment ou jamais en attendant les prochaines. C’est un sport physique et impressionnant parfois, mais les chez Beastie, nous aimons aussi les paillettes et faire la fête.
C’est l’aboutissement de longues semaines de travail. C’est aussi un moyen de fédérer nos adhérentes autour d’un projet commun, de se retrouver et surtout de faire découvrir le sport et une autre facette du Roller Derby.
Il s’agit aussi de communiquer sur tout ce qui peut graviter autour de ce sport pendant un moment très sympa. C’est l’occasion de passer un super moment de rigolade entre amis. Nous avons déjà plein d’idées pour les prochaines soirées roller disco alors plus nous serons nombreux et plus le champs des possibles s’ouvrira; je remercie d’ailleurs Arnaud Bassery de nous avoir sollicité, travailler avec QL c’est top !
De plus, c’est un sport qui vaut vraiment le détour, un sport différent, dans lequel chacun peut avoir sa place, il n’y a aucun préjugé physique attendu ou décrié pour faire partie des Beastie. On a besoin de tous les gabarits, les postes sont accessibles à toutes, ils dépendent de l’endurance et de l’expérience de chacune sur le track (piste).
RDV au gymnase François Legros près de Croix-Rouge où les Beastie Derby Girls se retrouvent 3 fois par semaine, le lundi pour les confirmés, le jeudi pour les débutant(e)s et le samedi matin, en groupe mixte, pour s’essayer à la pratique de ce sport et rencontrer les intéressées. A noter que ces créneaux sont ouverts à tous.
Pour retrouver l’actualité des Beastie Derby Girls, c’est par ici:
Facebook: https://www.facebook.com/BeastieDerbyGirls
Site internet: https://www.myrollerderby.com/reims-roller-derby
Évenement : https://www.facebook.com/events/1514197325645684/?ref=newsfeed
instagram: https://www.instagram.com/beastiederbygirls/
Crédit photos: Elizabeth A. Cummings – Shutterstock.
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