MARNE : VINCENT VDH ET SARAH MAQUIN RÉINVENTENT LA NOTION D’ERRANCE DANS UNE EXPOSITION À REIMS
A Reims, on ne présente plus le photographe Vincent VDH. Sur toutes les scènes, au détour de chaque rue, ses street photographies nous éblouissent par leur spontanéité et leur humanité. Avec Marah alias Sarah Maquin, ils nous proposent une exposition dans un lieu tout particulier, un cabinet de neuropsychologie. Le thème: l'Errance, y a toute sa place, découverte.
Présentez-vous ? Qui est Vince Vdh ?
Vincent VDH: Je m’appelle Vincent Vandenhende, j’ai 38 ans, je suis issu d’une formation d’éducateur spécialisé. Mon métier consiste à m’assurer de la prise en charge et mise en place des projets individualisés des personnes en centre et coordonner les équipes qui interviennent dans ce but. Je travaille avec des adultes, des personnes porteuses d’handicaps lourds, des ados et aussi des enfants. La question de la communication est donc essentielle pour moi. Je me destine à optimiser la vision du polyhandicap et à proposer des formations autour de ce sujet en Champagne-Ardenne.
L’accompagnement, le soutien, et la mise en valeur de l’autre est quelque chose qui me tient à coeur. Plus que faire pour l’autre, être à côté, derrière, et pousser l’autre à prendre conscience de sa valeur.
J’ai une magnifique petite fille de 6 ans, et quelque part, toutes ces photos que je fais sont un peu un héritage pour elle, c’est une sorte de but pour moi. Nous savons que nous allons disparaître et que nous sommes tous voués à mourir, donc à ma petite échelle, je me dis que laisser une trace pour les générations suivantes est important.
C’est un peu ma définition de l’Art. Il y a un vrai impact de la réflexion du moment de l’artiste par rapport à une époque, et cela prend du sens, surtout le jour où l’on a un enfant.
Comment décririez-vous votre style photographique ?
Vincent VDH: C’est difficile à dire, je dirais que je souhaite toucher par l’humanité que dégagent mes photos. J’utilise des focales avec une vision très proche de l’oeil contact soit le 28, soit le 35. Je n’utilise pas de zoom ni de grand angle. J’aime les photos qui sont dans l’action, brutes. Je fais aussi beaucoup de photos à l’argentique. Je retouche très peu mes photographies. Le but est de faire de la photo, le mieux possible, tout de suite. J’ai commencé avec un Sony Cybershot, l’un des tout premier appareil numérique et depuis je n’ai plus arrêté. Dès que j’ai eu ce premier appareil dans les mains, mon but a tout de suite été de comprendre cette mécanique, comment cela fonctionnait, de cramer de la pellicule pour me perfectionner.
J’ai eu la chance aussi de croiser la route de Thierry Gaudé, qui fait des photos d’une extrême sensibilité, c’est un véritable artiste car prendre des photos est une nécessité au quotidien. Avoir une âme d’artiste se résume à cela. Il m’a beaucoup aidé et influencé dans ma démarche artistique.
Une exposition dans un cabinet de neuropsychologie, une grande première pour vous ? Pourquoi ce lieu, racontez-nous ce choix.
Vincent VDH: Je connais ce lieu depuis un moment, je suis en relation avec deux praticiens sur place via des connaissances directes et indirectes. Ils souhaitaient restructuré et développé une vraie dynamique dans un lieu qui n’est pas forcément dédié à cela.
Rappelons que l’on parle d’un cabinet de neuropsychologie. Ce sont des lieux souvent froids et sans vie. Notre volonté avec Marah était de déstigmatiser cet espace pour apporter une ouverture sur la culture, sur l’art, aux patients. Nous avions l’envie que les patients prennent part à cette initiative, en amenant quelque chose de différent, et pourquoi pas, à terme, en montant une association.
Cette exposition sera, d’ailleurs sans doute, réinterpréter par d’autres artistes, pour continuer dans cette démarche.
Comment s’est formé votre duo avec Marah ? Comment voyez-vous l’association de vos images et des mots de Marah ?
Vincent VDH: J’utilise beaucoup les photos comme objets de communication et de mise en valeur des sujets. Cela crée du lien. La photo est vraiment mon espace de liberté. J’aime faire des photos en accord avec mon ressenti, par rapport à ce que j’ai envie de montrer, dans mon expérience lors d’un concert par exemple. J’aime être dans le public, capter l’énergie de la foule, j’aime ancrer le moment, l’endroit.
Je connais Marah depuis quelques années, son vrai nom est Sarah Maquin, elle est psychologue depuis 2013 et nous travaillons ensemble à la MAS de Reims. Le projet « Errance », nous l’avons monté ensemble, nous sommes partis d’une page blanche et nous avons co-créer entièrement l’exposition. Au départ, Marah a écrit un texte qui a ensuite été découpé, on a travaillé chacun de son côté et on s’est rejoint sur le fond.
J’ai, pour ma part, simplement vocation à faire une proposition de ce que je vois, de ce que je ressens. Ce qui est important dans cette exposition, c’est le fond, l’idée que cela véhicule, pour réfléchir, avancer. Il n’y a pas de vérité absolue, simplement un cheminement à expérimenter.
Les mots et les images sont intimement liés. L’écriture pour Marah, alias Sarah Maquin est une façon de transmettre, de parler de ses émotions. Elle encourage d’ailleurs tous ses patients à écrire, comme une sorte d’exutoire, car écrire, c’est sortir de soi, c’est le début de la relation à soi et à l’autre. C’est à visée thérapeutique.
Marah, avec les mots, arrive à ouvrir des portes que ne sont pas accessibles avec la photographie. Les mots ont parfois plus d’écho et orientent davantage. Il y a des textes qui résonnent avec des photos mais les spectateurs ont la possibilité de prendre l’un et l’autre, de prendre l’un ou l’autre, tout est modulable pour laisser à chacun la possibilité de choisir, de s’arrêter, ne rien imposer.
Quel est votre meilleur souvenir lors de la prise d’un cliché ?
J’ai toujours eu beaucoup de mal à photographier des portraits. J’ai toujours beaucoup de mal à photographier quelqu’un si je ne suis pas convaincu que ce que j’essaie de capter correspond bien à la réalité que je perçois. Je veux vraiment que la photo transpire vraiment la personnalité de la personne photographiée. Il faut que la photo est du sens, et que ce ne soit pas forcément une question d’esthétique. J’ai besoin d’être en accord avec cela et avec ce que j’ai ressenti.
Je me rappelle d’une photo prise à la volée entre une femme voilée et l’affiche d’une publicité pour un parfum de luxe, j’ai eu la volonté de montrer un certain contraste, la reflet de la société. Une des photos qui a d’ailleurs eu le plus de commentaires dans mes souvenirs. J’ai simplement capter l’instant sans vraiment afficher une quelconque vérité, c’est simplement mon regard à l’instant T.
La rencontre avec les personnes photographiées et les spectateurs, c’est un miroir, et chacun y voit ce qu’il souhaite, c’est cette intention qui me plaît.
Des photographes, des personnalités qui vous inspirent ?
J’aime beaucoup les photos de Martin Parr, tout son projet avec « Anonymous projet » est extraordinaire. plus d’actualité, les reportages photos d’Odieux Bobby sont très inspirants. il est dans le feu de l’action.
L’exposition est visible jusqu’à mi-juillet au cabinet de psychologie/neuropsychologie- 74, rue de Cernay à Reims.
Contacts sur place : Sarah Maquin ou Nassima Yalaoui.
Instagram :
Vince VDH: https://www.instagram.com/vdhvince/
Marah: https://www.instagram.com/marah__writes/
Crédit photos: Vince VDH.
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