MARTINIQUE : LA MOBILISATION CONTRE LES MESURES SANITAIRES NE FAIBLIT PAS, LA TENSION GRANDIT
Cette semaine, les grandes manœuvres se poursuivent contre l’obligation vaccinale qui doit entrer en vigueur cette semaine. Manifestation, procédures judiciaires, mobilisations diverses sont au menu.
Dès ce lundi matin, un rassemblement est organisé devant la maison des syndicats, à Fort-de-France. L’intersyndicale de 5 organisations de soignants, hospitaliers et libéraux, et d’autres secteurs s’y sont donné rendez-vous pour protester contre le pass sanitaire. Celui-ci permet, entre autres, de contrôler l’obligation vaccinale faite aux soignants et à d’autres métiers impliqués dans la lutte contre le covid, comme les pompiers ou les pharmaciens et leurs salariés.
Ladite obligation entre officiellement en vigueur cette semaine. C’est elle qui suscite ce regain de mobilisation tous azimuts en Martinique. Pour mémoire, les soignants doivent avoir reçu au moins une injection pour pouvoir se rendre au travail, faute de quoi leur contrat de travail ou leur convention peut être suspendue.
On a vu ainsi vendredi soir, toute une escouade de de deux-roues motorisés prendre la route du CHUM (Centre hospitalo-universitaire de Martinique), pour montrer leur soutien aux soignants. Elle s’était formée sur le parking du stade de Dillon, à la suite d’un appel lancé sur les réseaux sociaux sur le thème « ansanm nou pli fo », avant de gagner l’hôpital.
Samedi, après les chauffeurs de taxi, ce fut le tour des pompes funèbres. Le convoi de véhicules funéraires est parti de Carrère pour se rende à l’hôpital. Ils voulaient manifester leur soutien aux soignants, et peut-être aussi leur gratitude, qui sait.
Tentatives d’apaisement
Sentant la tension monter, diverses initiatives ont vu le jour pour tenter d’apaiser la situation. Le président du Conseil exécutif de Martinique, Serge Letchimy, a écrit au ministre de la Santé, Olivier Véran, pour s’inquiéter d’une dégradation de la situation sanitaire et d’une éventuelle « rupture de soin », par manque de personnels disponibles. Il a donc demandé la mise à disposition d’un plus grand nombre de tests antigéniques et le prolongement de leur gratuité au-delà du 15 novembre. Il plaide aussi pour une « médiation impliquant l’Etat, les corps médicaux et les représentants des personnels. »
De leur côté, des médecins et soignants, originaires de métropole ou des Antilles et vaccinés se sont rassemblés vendredi, devant le CHUM, pour s’inquiéter, eux aussi, au sujet de la « continuité des soins ». Ils déplorent l’exercice du droit de retrait par certains personnels et la désorganisation qu’il engendre.
Ils se disent lassés des attaques et des invectives, dont ils ont encore été la cible pendant le rassemblement. Et ils dénoncent les divisions à l’hôpital, sous ce mot d’ordre : « Plus jamais un virus entre nous ! Je suis vacciné, je vis bien, je vis, je soigne. »
Plainte contre X
Ce n’est évidemment pas dans un souci d’apaisement qu’un collectif de 10 avocats, mandatés par des syndicats sont allés porter plainte contre X auprès du procureur de la République, avec constitution de partie civile. L’objet de leur plainte est la mauvaise gestion de la crise sanitaire, avec « violences involontaires » ou encore « mise en danger délibérée de la vie d’autrui ».
Pendant ce temps, des Martiniquais de plus en plus nombreux font, sans bruit, la queue devant les pharmacies, pour se faire tester.
Crédit photos: InfinitumProdux – GettyImages.
Vous souhaitez vous exprimer sur un sujet ?