MARTINIQUE : LA POPULATION A DIMINUÉ EN 2020, MAIS PAS À CAUSE DU COVID
Les dernières données récoltées cette année par l’INSEE et portant sur 2020 donnent une vision nette de la situation démographique en Martinique. La population diminue encore. Au solde migratoire négatif, s’est ajouté l’an dernier un déficit des naissances par rapport aux décès, pourtant en diminution malgré l’épidémie de covid.
Les chiffres de l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), publiés le 14 décembre dans le Flash n° 157, sont éloquents. Pour la première fois, il y a eu plus de décès que de naissances dans l’île. Le nombre de celles-ci continue de décroître. Il y en a eu 3 530 en 2020. Ce qui fait 220 de moins qu’en 2019, soit une baisse de 6 %. L’indicateur de fécondité est toujours en baisse, à 1,93 enfant par femme. C’est en-dessous du seuil de renouvellement, situé à 2,1, mais nettement au-dessus de celui de la métropole, à 1,79.
Il y avait eu un regain en 2018 et 2019, qui ne s’est donc pas prolongé. La crise du covid n’y est sans doute pas pour rien. L’INSEE constate en effet un décrochage très net à la fin de l’année. En novembre et décembre 2020, soit à peu près 9 mois après l’apparition du virus en France, il y a une baisse de 9 % des naissances par rapport à l’année précédente, à la même période, et de 11 % par rapport à 2018.
Le nombre des décès, lui, est en hausse, mais une hausse modérée par rapport aux années précédentes. On en a recensé 3 586 en 2020, soit 27 de plus qu’en 2019. Cette augmentation de 0,8 % est bien moindre que les années antérieures. Depuis 10 ans, le nombre de décès en Martinique grimpait en moyenne de 2,3 % par an, ce qui correspond logiquement à l’arrivée des générations fournies du baby-boom à un âge où la mortalité s’accroît.
Le chiffre de 2020 est une surprise, surtout dans le contexte sanitaire. En France métropolitaine, cette année-là, les décès s’affichaient une hausse de 9,3 %. Il y avait là, évidemment, un effet du covid. A l’inverse, on ne le constate pas du tout ici. L’espérance de vie des Martiniquais est quasiment stable entre 2019 et 2020 : elle passe de 78,5 ans à 78,6 ans pour les hommes et, pour les femmes, de 84,8 ans à 84,7 ans.
Les jeunes vont voir ailleurs
Au 1er janvier de cette année, la Martinique comptait, selon l’INSEE, à peu près 340 800 habitants. Elle perd en moyenne depuis 10 ans environ 1 % de sa population. Le principal facteur de cette baisse, c’est le solde négatif entre les arrivées et les départs. Pour 2020, il s’établit à – 4 900 habitants.
Ce déficit migratoire est d’abord dû au départ de nombreux jeunes adultes qui partent à la recherche d’un emploi ou pour mener des études. Ce phénomène déséquilibre fortement la pyramide des âges. En 10 ans, la part des 15-49 ans dans la population martiniquaise est passée de 46 % à 37 %.
Un phénomène qui touche aussi bien les femmes que les hommes. Ce qui affecte directement le nombre de naissances. Suivant le solde migratoire, le solde naturel, c’est-à-dire la différence entre les naissances et les décès, est donc devenu négatif. L’avenir de l’île se joue en bonne partie dans la maîtrise de ces phénomènes démographiques.
Crédit photos: Art Photo – Adobestock.
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