MARTINIQUE : LES POMPIERS ÉCHAPPENT À L’OBLIGATION VACCINALE POUR LE MOMENT
Les sapeurs-pompiers de Martinique ont obtenu, la semaine dernière, de ne pas se voir appliquer l’obligation vaccinale par le STIS (Service territorial d’incendie et de secours) de la Martinique. Il a suffi pour cela d’un sit-in organisé par leur syndicat, devant la direction du service.
Depuis la fin de l’année 2021, l’obligation vaccinale s’applique théoriquement aux sapeurs-pompiers aussi bien qu’aux personnels soignants. De ce fait, ceux qui ne s’y résolvent pas devraient être suspendus sans traitement. Tenus jusqu’à présent dans l’ignorance de leur sort, les pompiers ont tranquillement mis le siège devant les bureaux du STIS 972 à Fort-de-France, à l’appel du syndicat FO des agents du STIS.
Dans la journée, ils obtenaient la réponse voulue du président du STIS, Jean-Claude Ecanvil. « Je ne suis pas favorable aux suspensions, leur a-t-il précisé. Je n’ai pour le moment pas mis en œuvre cette disposition prévue par la loi du 5 août 2021. » Le porte-parole du syndicat FO des pompiers s’est dit satisfait. Ils savent pouvoir compter sur sa compréhension, mais n’ont pas de garantie que cela va durer.
Le président Ecanvil a précisé que c’était « pour le moment » qu’il se dispensait d’appliquer une loi de la République. Pour justifier un tel manquement aux devoirs de sa charge, il s’abrite derrière l’autorité du président du Conseil exécutif de la Martinique, Serge Letchimy. Celui-ci est intervenu pour demander une adaptation de l’application de cette loi dans l’île et les Outre-mer. Le 31 décembre, il a encore écrit au Gouvernement pour demander que l’on « sursoit à l’application stricte de l’obligation vaccinale ».
Logiquement, le président du STIS dit attendre la réponse du Premier ministre ou de son ministre des Outre-mer pour prendre sa décision. De facto, les pompiers bénéficient d’un sursis.
L’exécutif territorial entre deux chaises
Serge Letchimy est favorable à la vaccination mais opposé hostile à son obligation. Il veut bien convaincre les pompiers et les soignants martiniquais à « prendre » le vaccin, mais pas le leur imposer. Cette position médiane et légèrement contradictoire correspond à ses intérêts électoraux. Elu du PPM (Parti progressiste martiniquais), il n’a pas l’intention de braquer les syndicats où il trouve une partie des suffrages qui lui ont permis de l’emporter en 2021. En septembre dernier, il a nommé Jean-Claude Ecanvil, maire du Carbet, à la tête du STIS pour ramener le calme dans les casernes alors en pleine ébullition.
Le président du conseil exécutif a su obtenir du gouvernement l’engagement d’adapter l’application de loi sanitaire au contexte particulier des Outre-mer. Il espère bien arriver à le convaincre de l’ajourner jusqu’à ce que la question soit réglée sur le fond. Et tant pis si le virus, lui, n’attend pas.
Hier, mardi 11 janvier, les données publiées par la préfecture de Martinique indiquaient 1 246 nouveaux cas de contamination et un taux d’incidence atteignant 2 024 contaminations pour 100 000 habitants. Si les pompiers sont soumis à l’obligation vaccinale, c’est parce que eux aussi prennent en charge les patients dans leurs ambulances.
Crédit photos: VAKSMANV- AdobeStock.
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