MARTINIQUE : YOURI CATHERINE, CHAMPION D’EUROPE DE SUPERMOTO

Comme ses concurrents, Youri Catherine bouillait d’impatience, après des mois de confinement et une saison interrompue en 2020. Le championnat d’Europe de supermoto S2, avec des engins de 250cc, n’a débuté que fin août. Lorsqu’est arrivé le dernier Grand Prix, celui de Lombardie, et ses deux manches, le pilote martiniquais était 2^ème à six points du 1^er.  

Le défi était clair et rude. « Pour que je gagne [le championnat], a-t-il expliqué à Martinique la 1^ère, il fallait que je gagne les deux manches. » Il reconnaît que la première n’a pas été une simple formalité : « Je prends le départ, je suis premier, je me fais doubler en milieu de manche et, au dernier tour, j’arrive à le dépasser. » La seconde, décisive en, il la remporte aussi, sans coup férir.

Heureux et fier de « représenter la Martinique », le nouveau champion met d’emblée en avant le travail, l’équipe du Gazza Racing et celui avec qui « on est tout le temps ensemble », son mécanicien. « Depuis le début du championnat on s’est dit qu’on allait gagner. Après avoir travaillé autant, c’est beaucoup de fierté. »

Ce qu’il ne dit pas vraiment, c’est qu’il était blessé ce week-end. Touché aux ligaments croisés d’un genou, il portait une genouillère spéciale. Il a dû se faire violence et serrer les dents au moment de jeter toutes ses forces dans l’ultime course. Le titre en poche, il va devoir se faire opérer.

Exil et travail 

Il est monté sur une moto à 3 ans et disputé ses premières courses en Martinique à 6 ans. Son père, Yannis Catherine, qui s’est illustré en karting et en quad, l’y a incité. Le succès venant, il a dû s’exiler en France, pour mener de front études et compétition.

Il va au lycée à Paris, mais dès que la saison de supermoto commence, il s’installe en Italie où les entraînements avec le team Gazza Racing ont lieu plusieurs fois par semaine. Il est engagé à la fois dans le championnat d’Italie et le championnat d’Europe.  

Côté études, il a passé un bac pro de technicien d’usinage. Cet objectif atteint, il a décidé de s’octroyer une année sabbatique pour se consacrer pleinement à sa carrière sportive. Sa devise, qu’il met en œuvre sur les deux versants de sa jeune existence, est : « Je crois au travail acharné, pas en la chance. » 

Une spécialité martiniquaise 

Au Gazza Racing, il a eu la chance de rejoindre un autre martiniquais, Émerick Bunod, fils de Serge Bunod, gérant du club de motocross qui éduque les jeunes dans le quartier de Dillon, Mécanique pour Tous. Enfant, Youri y avait fait ses premières armes. Emerick a été double champion d’Europe junior de supermoto. « C’est un plus pour moi qu’il soit là, se réjouit Youri. Il connaît le fonctionnement de l’écurie et son expérience m’est précieuse. » 

D’autres Martiniquais s’illustrent dans cette discipline. Ainsi, Axel Marie-Luce qui a remporté le chapionnat du monde par équipe junior, en 2019 avec Emerick Bunod, puis en 2020… avec Youri Catherine. Il est aussi champion de France. Giani Catorc, quant à lui, est devenu champion d’Europe junior en 85cc.

Crédit photos: Marek -AdobeStock.