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NOUS VIVONS UNE ÉPOQUE FORMIDABLE !

Les enfants de la Covid-19 et de ses cousins, les mutants COV et 501Y.V2, retiendront cette date du 17 Mars 2020, le premier confinement de cette ampleur dans l’histoire de France. Qu’auront-ils fait de ces dictats : « Restez chez vous » et « Ne vous touchez pas » ? Peut-être le raconteront-ils à leurs enfants en pérennisant cette délicieuse injonction aussi affective que sanitaire : « Portez-vous bien ».

Une époque formidable durant laquelle les masques ne sont heureusement pas des signes religieux

La peste noire (XIVe siècle), 25 millions de morts en Europe, la variole (XVe au XVIIe siècle), 20 millions de morts en Amérique du Sud, le Choléra (1832), 100 000 morts en France, la grippe espagnole (1918), 50 millions de morts dans le monde, dont la moitié en Europe, la grippe asiatique (1957), 2 millions de morts dans le monde, dont 100 000 en France, la grippe de Hong-Kong (1968), 1 million de morts dans le monde dont 30 000 en France, la grippe H1N1 (2009), 500 000 morts dans le monde. Sans oublier les 36 millions de morts du Sida depuis 1981 et autant de contaminés aujourd’hui. Et voici la Covid-19 avec ces 2 millions de morts depuis le début 2020, dont 70 000 en France. 

Rien n’est comparable dans cet inventaire aussi incomplet pour le nombre de pandémies que non exhaustif pour leur bilan. Au jour le jour, dans un portrait fugace de la mort au quotidien aujourd’hui en France, on peut retenir les 140 décès de la Covid-19, les 430 du cancer, les 22 de la grippe saisonnière ou bien les 10 victimes de la route. 

La mort inacceptable est un concept contemporain bien plus fort que jadis, à l’origine de la quasi-religion du « Quoi qu’il en coûte ». Il faut vacciner les corps, pour les états d’âme, on verra plus tard. Nous vivons une époque formidable dans laquelle les gouvernances habillent la vérité trop nue des hardes du mensonge d’Etat.  Puisqu’ils ont menti sur les masques et les tests, peut-être mentent-ils aussi sur les vaccins ? Pourquoi ne pas admettre que tous les Français volontaires pour se faire vacciner devront attendre plus longtemps que prévu, faute de vaccins disponibles ? L’admettre et le dire.

Les grands principes, liberté, égalité, fraternité s’estompent derrière une sémantique revisitée pour les besoins d’une santé publique que l’on avait négligée hier au profit d’équilibres budgétaires nécessaires à toutes bonnes présentations politiques. On peut ainsi passer en revue quelques grands mots de cette Covid-19, avec ces allers-retours et ces abus de langage, aussi contradictoires que plus ou moins bien assumés. 

Et si le confinement exacerbait les inégalités ? 

Quand toutes les politiques sociétales prônent le « vivre ensemble » au nom de la pluralité et de la mixité, arrive le confinement. Autrement dit la limitation de ce « vivre ensemble », la restriction de la liberté de circuler, l’isolement, la réclusion, la quarantaine, l’enfermement, l’assignation à résidence. Les anglais emploient le terme lockdown, autrement dit le verrouillage. 

En prison, la cellule disciplinaire est appelée cellule de confinement. C’est parce qu’elle est indisciplinée que l’on confine la population. C’est parce qu’il est dangereux que l’on enferme le noyau d’uranium des centrales nucléaires dans un caisson de confinement. A la mosaïque du couvre-feu pourrait bien succéder la mosaïque du confinement. C’est-à-dire la discrimination d’un côté à l’autre d’une rue ou d’une rivière. Le virus s’intéresse-t-il à la géographie administrative ? Lui demande-t-on, pour passer d’une région à une autre, une attestation de déplacement dérogatoire ?

C’est déjà un constat scientifique, délivré par l’enquête CoviPrev, ce sera une aubaine pour les 15 500 psychiatres français, dont 830 dans le Grand Est, les deux confinements ont agi sur la santé mentale, avec des états dépressifs en hausse de 12 points dans la population globale (+18 et +29 points respectivement chez les jeunes et les étudiants). Un jour, on sortira du Covid-19 et de ses cousins mutants, mais sortira-t-on indemne de l’enfermement ? 

Le confinement, autre version de la mise en lumière de l’inégalité sociale, dans 20 m² ou dans un pavillon avec jardin ? On comprend bien alors l’exode des 600 000 Parisiens vers la banlieue, voire plus loin, dès l’annonce du premier confinement. Un phénomène qui n’appartient d’ailleurs pas qu’à l’épisode Covid-19. En 1832, quand le choléra débarqua en France, on assista à une fuite massive des Parisiens vers la province. Sans aucune comparaison, mais puisqu’il est question d’exode, les 2 millions de Franciliens sur les routes de l’été 1940 fuyaient eux une autre peste.

Nous pourrions cependant savourer les bienfaits du confinement

Soyons positifs, le confinement a pu nous faire venir, ou revenir à la littérature. Sans perversion aucune, sur ce sujet polémique, ces œuvres parmi bien d’autres : « La Peste écarlate » de Jack London, « Le Masque de la mort rouge » d’Edgar Alan Poe, « Le Fléau » de Stéphane King, « Huit clos » de Jean-Paul Sartre, « Le Terrier » de Franz Kafka, « Espèces d’espaces » de Georges Pérec, avec cette savoureuse remarque : « Vivre, c’est passer d’un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner ». Plus radicalement « Le Meilleur des mondes » d’Aldous Huxley ou « 1984 » de George Orwell. Sans oublier « La Peste » d’Albert Camus, un roman anti distanciation sociale, qui narre des restaurants, des bars, des cinémas et des théâtres bondés pendant l’épidémie.

Autre bon côté de la pandémie, on en profite pour réviser nos notions de géographie : les pics, les vagues, les creux, les plateaux, les frontières et un Atlas qui change de couleurs tous les jours et qui nous fait découvrir Mayotte, notre 101e département. 

Nous n’oublions surtout pas les bienfaits du confinement dans la lutte contre la pollution, cette dernière amie intime du Coronavirus car chacun sait que le virus voyage sur le dos des particules fines. Plus sérieusement, le premier confinement a réduit de 44% la part des oxydes d’azote en France. Les urbains s’enferment ou vont à la campagne et les animaux s’installent dans les espaces désertés et moins pollués : des renardeaux au Père Lachaise, des canetons escortés par les motards de la police sur le périphérique parisien, des daims dans les rues de Boissy-Saint-Léger, des loups sur les pistes de Courchevel ou des canards brayant devant la Comédie Française … 

« La distanciation sociale » fait la pub des réseaux sociaux

Voici un bel abus de langage repéré par l’Académie Française et dont la définition va à l’encontre de l’intention de ceux qui utilisent encore cette locution. Car la distanciation sociale est en fait le refus de se mêler à d’autres classes sociales. Belle bavure dans les conférences de presse ministérielles et certaines déclarations d’experts. Le tir est cependant parfois rectifié avec l’emploi de distance physique, voire plus élégamment de distance spatiale. 

La règle est donc : « On ne se touche plus ». On garde ses distances et on reste, ou on devient, social sur les réseaux sociaux. Les Français, avant la pandémie, passaient cinq heures par mois sur les réseaux sociaux. Désormais, on se voit, on se parle et on s’écrit à travers les écrans d’Internet. La distanciation sociale enrichit les réseaux et tous leurs opérateurs, de Google à Snapchat, en passant par Amazon, Instagram, Twitter, Facebook et compagnie, dans un désordre toujours plus attractif. Mais, attention, lorsqu’il ne s’agit pas d’une question de moyens, la fracture numérique perdure cependant. C’est une question de génération, de culture et d’apprentissage. L’illettrisme d’hier s’appelle aujourd’hui l’illectronisme.  

Donc, on ne s’embrasse plus et on ne se serre plus la main. On nous recommande, pour entre autres gestes de civilité, de se toucher les coudes. Après avoir toussé ou éternué dedans ? Un geste d’ailleurs compliqué pour les victimes d’un tennis elbow. Précisons, on tousse ou bien on éternue et rien d’autre. Se moucher du coude ou pas est une autre chose.

Hier, on se croisait. Aujourd’hui, on est en ligne. On est passé des sécantes aux parallèles. Peut-être fera-t-on moins de petits ? Après les enfants de Mai 68, ceux de la Covid-19 pourraient bien être moins joyeux.

En attendant que la distanciation géographique s’impose

Déjà en 2006, utilisant ce terme de distanciation sociale, l’Organisation Mondiale de la Santé évoquait la nécessité de restreindre les déplacements dans les transports en commun, lieux de contamination disait-on. Si les experts ne prennent pas souvent le métro, d’autres le font tous les jours et en masse. Le virus lui y est abonné, même discrètement.

On ne se réunit plus. Chez soi, pas plus de six personnes. Dans la rue, pas plus de dix personnes et puis interdiction totale. Trente personnes aux enterrements, six ou dix aux mariages civils. Et autant que vous voulez pour une manifestation de rue autorisée. Des jauges sanitaires à variabilité confuse que les aléas des décisions gouvernementales peuvent rendre caduques du jour au lendemain, comme si elles émanaient d’un secrétariat d’Etat aux atermoiements. 

Mais la seule question intéressante n’est-elle pas sanitaire : six, dix ou trente, quel intérêt, quelle justification ? C’est quand l’empirisme fonctionne que l’on passe au pragmatisme. Faudra-t-il un jour laisser s’installer une distanciation géographique belliqueuse, des régions moins contaminées se méfiant des autres et se barricadant ? La Covid-19 peut avoir des relents de xénophobie. Cherchez bien, des prémices existent déjà. Nous voici aux confins du royaume des apprentis-sorciers. 

Conjoncturel ou pas, l’épargne grimpe et la consommation rampe

En 2020, les Français les plus aisés ont fait gonfler leurs livrets épargne de 80 milliards d’euros et leurs comptes courants bancaires de 20 milliards d’euros. Les plus fragiles sont endettés. Dans le même temps, la dépense des ménages a chuté de 20%. Entre le premier et le deuxième confinement, la peur de manquer s’est heureusement amoindrie.

Lorsque l’ennui s’empare des confinés, des enquêtes constatent une augmentation de la fréquence de consommation d’alcool, de tabac et de certains médicaments : un million d’ordonnances supplémentaires pour la famille des anxiolytiques, un demi-million pour celle des somnifères. Faute de mieux, on se calme et on dort. 

A contrario, les prises de cocaïne et d’ecstasy ont diminué de 47%. Parole d’expert : « la première raison est qu’il s’agit de produits que les gens n’ont pas envie de consommer seuls à la maison ». Une bonne nouvelle pour les cages d’escaliers des grands immeubles de banlieue.

Globalement, le vouloir d’achat a pris le pas sur le pouvoir d’achat. Ce sont les plus riches qui épargnent le plus et consomment le moins. Et quand des segments essentiels de consommation (hôtels, cafés, restaurants, voyages, cinémas, théâtres …) restent fermés, c’est l’habitude de moins consommer qui s’installe. Consommer ne devient plus nécessaire, plus essentiel. Grande nouveauté, ce sont les gouvernants qui décident si un produit vous est ou non de grande nécessité. 

Voilà, nous allons bientôt guérir. D’abord grâce aux microbiologistes, aux épidémiologistes, aux virologues et aux infectiologues, ceux de la télévision et les autres. Et peut-être, comme le souhaite le Premier Ministre, grâce à nous parce qu’il ne nous viendra plus jamais à l’idée l’envie de passer les barrières. Et pour les séquelles, vive la psychiatrie ! 

Marc Gérard, journaliste indépendant.

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