QUESTIONS SUR LES NUITS DE VIOLENCE À FORT-DE-FRANCE
Le déchaînement de violence qu’a connu la capitale de la Martinique dans la soirée du 17 juillet et puis celle du 18 juillet s’explique bien sûr par une réaction passionnelle aux mesures imposées. Mais aussi par leur récurrence et le sentiment d’abandon qu’elle suscite chez des jeunes sans espoir.
Le déroulement des événements répond à un schéma usuel. Les mobilisations diurnes, qui drainent la majorité des manifestants sont suivies de débordements nocturnes, qui sont le fait de quelques centaines de personnes souvent plus jeunes.
Le bilan des deux nuits de violences est impressionnant sans être dramatique : jets de projectiles sur les forces de l’ordre, dégradations de bâtiments officiels, voitures brûlées et feux de poubelle, ainsi que des boutiques pillées, et pour finir six gendarmes légèrement blessés et sept individus interpellés.
L’écart des préoccupations entre ceux qui défilent et ceux qui se défoulent est éloquent. Les slogans des premiers visent le pass sanitaire, la vaccination obligatoire des soignants et se résume par « Nou pa kobay ». Les seconds se dressent avant tout contre le retour du couvre-feu de 21h à 5h du matin. Leur cri de ralliement à eux, c’est : « Vivre libre ! » Une manifestante s’indignait des restrictions sur les voyages qui la privaient de ses vacances, en disant : « Je suis jeune et je ne vis pas ! »
Feu sur le couvre-feu
250 gendarmes et policiers ont depuis été dépêchés à Fort-de-France, selon la préfecture, et y font respecter le couvre-feu. Les nuits y sont redevenues bien silencieuses. Les provocations envers les forces de l’ordre, les feux allumés, mais aussi les magasins visés, bijouteries, concessionnaire moto ou matériel informatique, exprimaient la frustration de leurs auteurs. Elle ne date pas des mesures sanitaires.
Mais l’épidémie, en suscitant la crainte, en imposant l’isolement et en bouchant l’horizon, l’a exacerbée. Et le couvre-feu est devenu un symbole de ce qui les entrave.
Le déni de l’épidémie
Violentes ou non, les mobilisations ne changeront rien à la crise sanitaire, sinon pour l’aggraver. Le directeur du CHU de Fort-de-France l’a redit : « Le nombre de cas double tous les 6 jours, c’est la vague la plus forte que nous ayons connue », tandis que moins de 15 % des habitants ont reçu leurs deux doses de vaccin.
En faisant mine de l’ignorer, les manifestants contre les mesures sanitaires semblent aussi tourner le dos à l’avenir.
Crédit photos: Djumandji- Shutterstock.
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