SAINT-AMAND HAINAUT BASKET : UN JOUR DANS LA VIE D’UNE JOUEUSE PROFESSIONELLE
Capitaine de l’équipe de basket-ball féminine du Saint-Amand Hainaut Basket, Pauline Lithard, ancienne joueuse au Champagne Basket de Reims, nous a accordé une interview ! A l’aube de jouer sa 3e saison sous les couleurs du club de la région des Hauts-de-France, la jeune femme de 28 ans revient sans détour sur les obstacles, les joies de sa carrière ainsi que ses idoles !
Quelle est la journée type d’une joueuse de basketball professionnelle évoluant en 1ère division féminine ?
Pour commencer, un réveil aux environs de 8h45 pour prendre le petit-déjeuner. A 9h15, je quitte mon domicile pour arriver à la salle une demi-heure avant le début de l’entraînement qui commence à 10h.
Les entraînements en matinée durent environ 1h15 voir une heure et demie où nous bossons individuellement ou par poste de jeu avec les coachs, ce sera plus axé sur la passe, le tir, les principes de jeu sans opposition autrement dit les fondamentaux du basket.
A la fin de l’entraînement, je reviens à 12h pour déjeuner puis faire ma sieste. Une sieste d’1h ou d’1h30 qui est obligatoire lorsqu’on a deux entraînements par jour.
Ensuite, nous avons le deuxième entraînement vers 16h/16h30 jusqu’à 18h. Il sera plus axé sur le collectif où il y a pas mal de jeu tout terrain. En début de saison, nous verrons probablement les principes de jeu offensif et défensif.
Mais c’est compliqué de parler de journée type car nous n’aurons pas toujours deux entraînements indiques et les cycles sont différents au fil de la saison.
Vous avez commencé votre carrière professionnelle au Champagne Basket (anciennement connu sous le nom de Reims Basket Féminin) quel souvenir gardez-vous de cette période ? Avez-vous toujours des attaches avec la ville de Reims ?
C’était une super période, j’ai adoré parce que Reims était synonyme de mes premiers instants où j’étais indépendante. J’avais mon propre appartement, je vivais seule et je me sentais comme une jeune adulte. C’était si cool.
Sur la partie sportive, j’avais une belle opportunité. Le club n’avait pas un gros budget donc les dirigeants faisaient des paris sur des jeunes joueuses dont moi. A 18 ans, j’étais déjà meneuse titulaire de l’équipe ce qui constituait une belle occasion de me montrer.
Je me suis sentie super bien dès le début, l’ambiance était bonne avec mes partenaires, la ville était à taille humaine et il y avait plein de choses à faire donc c’était très bien. En parallèle, je faisais ma licence STAPS en management du Sport que j’ai validé donc c’était top de réussir à allier les deux. J’ai beaucoup aimé mes trois années en ville.
Au-delà de ça, j’ai de la famille à Reims à qui je viens rendre visite de temps à autre et, le président du Champagne Basket, Philippe Sauret, que j’ai toujours plaisir à revoir via le syndicat national des basketteurs dont je fais partie. Ça m’arrive également de regarder les résultats du club pour me tenir informée.
D’où vous vient cet amour pour le basket ?
Cet amour provient de ma sœur Sophie. J’ai commencé par le tennis mais je n’ai pas trop aimé alors j’ai voulu faire comme ma sœur qui venait de commencer le basket. A l’âge de 6 ans, j’ai voulu tenter et ça a accroché direct, j’ai tout de suite été à fond dedans et je suis tombé amoureuse de ce beau sport.
Dès que je le pouvais, je passais tout mon temps à la salle et comme elle était à 200 mètres de chez moi, ça a également bien favorisé la pratique du basket.
Quelles sont vos autres passions dans votre vie ?
Je ne vais pas faire très original (rires…) J’aime les plaisirs simples de la vie. Avec mon compagnon, dès que nous en avons la possibilité, on part faire des week-ends à droite, à gauche, pour découvrir de nouveaux endroits et ce qui est très cool, comme je change de club assez souvent, c’est que je découvre beaucoup de villes.
J’adore voyager. Passer des moments en famille, entre amis autour d’un bon repas. Je suis aussi très cinéphile ! Aller au cinéma et découvrir de nouvelles séries, c’est génial !
La saison dernière, vous avez terminé à la 9e place. Qu’est-ce qui manque à cette équipe pour gagner cette place en plus qui permettrait une qualification aux Play Offs ?
Je pense que c’est très compliqué à expliquer. Nous avions une bonne équipe et mis à part la non qualification aux play-offs, on a fait une belle saison.
Mais dans une saison, il y a des dynamiques différentes, parfois tout se passe très bien, nous sommes en confiance, ça gagne et parfois il y a des dynamiques où on doute, la confiance n’est plus aussi élevée à cause de différents paramètres.
Et lorsque nous avions le momentum pour essayer de se qualifier aux play-offs, nous n’étions pas sur la meilleure dynamique possible, et nous ne pouvions pas nous permettre que des joueuses majeures de l’effectif, dont je fais partie, ne soient pas au niveau requis pour une éventuelle qualification.
A titre personnel, je n’ai pas répondu aux attentes en tant que capitaine, je n’étais pas dans une bonne période lorsqu’il fallait step up. Personnellement comme collectivement, c’était compliqué.
Je pense qu’il nous faudrait une bonne profondeur de banc dans le cas où si une joueuse n’est pas dedans, elle peut être remplacée par une partenaire qui peut apporter.
C’est dommage parce que ça ne s’est pas joué à grand-chose. On a raté la qualif’ à Lyon après une défaite de seulement 3 points en prolongations.
Le 29 Octobre prochain débute la saison 2022-23. Quel est le programme de travail avec votre groupe jusqu’au jour J ?
On ne le connaît pas encore vu qu’on reprend l’entraînement que le 12 Septembre ! Et comme nous avons un nouveau coach Julien Pincemin, qui vient de passer trois ans au Reims Basket Féminin, cela dépend de comment il veut bosser en préparation.
Mais nous aurons beaucoup de matchs de préparation avant le début de la nouvelle saison donc nous avons le temps de travailler les automatismes et les styles de jeu imposés par le coach.
Quelle est la plus grosse difficulté que vous avez affronté dans votre carrière ?
Ouh cette question est très dure. (Rires…) J’en ai eu deux et c’est difficile d’en choisir une. La première, c’était à Charleville quand j’avais 20 ans aux Flammes Carolo Basket. C’était ma première expérience dans la première division de Ligue Féminine et j’ai senti que je n’avais pas le niveau.
Parmi mes coéquipières, j’avais la meneuse titulaire Amel Bouderra qui avait remporté le titre de meilleure joueuse française cette année- là. Elle était beaucoup trop forte. C’était également le genre de femmes qui ne se reposait pas sur ses lauriers et à l’entraînement, elle me mettait la misère.
Tous les soirs, j’étais en pleurs mais mes parents et ma sœur me remotivaient et me disaient de ne pas abandonner. Lorsque tu vis ça en tant que jeune adulte alors que tu fais du basket depuis très longtemps, c’est difficile. Tu vis dans le doute, tu perds confiance et tu as l’impression de ne plus savoir jouer.
C’est un cercle vicieux dans lequel il faut savoir s’en sortir, c’était un challenge mental et je m’en suis remis au travail pour sortir la tête de l’eau, je n’ai jamais lâché en termes de discipline. Je ne jouais pas trop les week-ends donc je travaillais encore plus et surtout je ne voulais rien regretter même si ça se passe mal. Mais je n’étais pas prêt pour vivre tout ça.
La deuxième, c’était dans le club de Charnay Basket près de Lyon. Tout d’abord, il y avait le COVID donc dur à vivre et surtout c’était ma première mauvaise expérience avec un coach, j’avais beau essayé de trouver des solutions, de lui demander ce qu’il attendait de moi mais j’étais face à un mur.
Plus je lui demandais ce qu’il n’allait pas, plus ça le frustrait. Il devenait de plus en plus méchant et ça ressemblait à du harcèlement moral. C’était très âpre comme situation.
Ma chance est que j’avais mon compagnon, ma famille et mon agent pour me soutenir. Suite à ça, j’ai pu changer de club en plein milieu de saison direction le Saint-Amand, mon club actuel.
Quel est le plus beau moment de votre carrière ?
J’étais en 2e division à Landerneau, dans le Finistère, en Bretagne lors de la saison 2017-2018. L’ambiance était folle, j’ai kiffé le club, les habitants et les bretons en général. C’était la folie avec les Finistériens. On a été sacrée championnes de France de Ligue 2 !
On a fêté le titre dans une salle blindée avec plus de 2000 personnes, un souvenir de dingue ! Ma mère avait fait le déplacement depuis l’Alsace pour assister à l’évènement, j’ai fini dans ses bras en pleurs, c’était mémorable !
Et toute la semaine qui a suivie, on a continué à fêter notre titre et l’accession en première division, c’était si intense ce qu’on a vécues qu’on ne voulait plus se quitter avec mes coéquipières.
Remporter un titre c’est remarquable et je me sens reconnaissante et chanceuse d’avoir vécu ce moment.
Quel est l’objectif ultime de votre carrière ? l’EDF A ? Un titre de championne de France ?
Je ne me suis pas réellement fixé ce genre d’objectifs pour le reste de ma carrière car j’ai tout de même conscience de ce que je suis, autrement dit, une joueuse de première division française dans un club qui veut se maintenir.
Ça ne veut pas dire que si l’Équipe de France m’appelle, je vais refuser, il ne faut pas déconner (rires…)
Ce dont j’ai envie, c’est de me dire qu’à la fin de ma carrière, j’aurais exploité le maximum de mon potentiel. Si j’ai l’occasion de jouer en Euroligue un jour, pourquoi pas ? Mais il faut que ça corresponde avec un projet de jeu également.
Je ne veux pas avoir de regrets, je veux me dire que j’ai kiffé et que j’ai exploité le meilleur de moi-même.
Votre joueur/joueuse français(e) préféré(e) dans l’histoire du basket ?
Je ne vais pas la jouer original mais ça ne peut être que Céline Dumerc. Elle a marqué l’histoire du basket français, ses J.O de 2012 sont incroyables. Elle a mis la France du Basket Féminin sur la carte avec ses prestations. C’est une super ambassadrice du basket féminin et du sport féminin en général. Pour l’image qu’elle incarne, c’est une icône.
Lorsque j’étais au centre de formation de Bourges, elle y jouait à l’époque, j’ai eu la chance de m’entraîner avec les pros et de passer du temps avec elle. Tu apprends tellement en sa compagnie et au-delà d’être une super joueuse de Basket, c’est une femme si inspirante. Elle a un leadership naturel, elle est charismatique et c’est une super coéquipière.
Dans le même état d’esprit, je me dois de mentionner Tony Parker. Sa carrière n’est plus à présenter, une icône pour les jeunes et le basket français.
Pour la petite anecdote : lorsque j’étais plus jeune, j’ai fait son camp de basket et j’ai remporté le titre de meilleure joueuse et comme récompense, j’ai pu partir chez lui, à San Antonio, au Texas.
Juste incroyable ! J’ai vécu des moments extraordinaires avec lui, je suis encore en contact avec lui de temps en temps, c’est un mec super ! Il est toujours resté accessible, la tête sur les épaules, franchement chapeau !
Si vous deviez donner votre 5 type de tous les temps, il serait composé de qui ?
Le choix est vraiment dur mais on va le faire ! Mon 5 sera en smallball (style de jeu) donc pas de véritable intérieur en poste 5 !
Le premier, c’est Stephen Curry. Je suis une fan absolue, c’est le meilleur tireur de tout le temps doublé d’un immense champion. On a pu le voir encore très récemment avec les Warriors avec lesquelles il vient de remporter sa 4e bague ! C’est quelqu’un qui n’était pas prédestiné à une grande carrière et malgré tout, il montre depuis 2013 tout l’éclat de son talent ! Il ne fait que de briller et je l’adore !
En deuxième position, Kyrie Irving. Il a tous les skills, il marque de près et de loin, il sait dribbler, il a été sacré à Cleveland en 2016 et c’est un très beau joueur à voir, tu payes cher ta place pour voir ce genre de types.
En poste 3, Michael Jordan. Il n’est plus à présenter, c’est le GOAT (le meilleur de tous les temps).
J’enchaîne avec LeBron James. Je n’étais pas fan de lui au début de sa carrière, je le voyais comme un bourrin. Mais depuis, la longévité et son niveau de performance à son âge, l faut bien avoir que ça force le respect.
Il est encore au top physiquement et on voit de plus en plus son Q.I Basket au fil du temps, il peut jouer à tous les postes. Si tu lui demandes de prendre les clés du camion, il le fait. Si tu lui demandes plus de passes, il le fera aussi. Un autre immense champion. Une légende même !
Et le dernier, c’est Kevin Durant. Un longiligne qui joue comme un meneur. Son profil est très rare. Il est un peu perché mais il sait être clutch (être décisif dans les moments importants) ! Un mental de winner et un autre grand champion.
Un mot pour décrire le groupe du Saint-Amand version 2022-23 ?
Nouveauté ! Finalement, on ne sera que deux joueuses du groupe par rapport à la saison dernière. Et on a un nouveau coach également !
Des nouvelles habitudes vont se créer, on va voir si l’alchimie va prendre. Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte.
Pour en savoir plus sur l’équipe de Saint-Amand Hainaut :
Facebook : https://www.facebook.com/amand.hainaut
Instagram : https://www.instagram.com/saint_amand_hainaut_basket/
Crédit photos: Daniel Lemoine.
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