SEINE-ET-MARNE : A MELUN, LE CASSE-TÊTE DU FONCIER POUR L’IMPLANTATION DE NOUVELLES ENTREPRISES
La ville-préfecture de Seine-et-Marne et son agglomération entendent développer son potentiel économique en accueillant de nouvelles entreprises et d’autres activités productives. Mais elles manquent de terrains disponibles. Des projets importants ont échoué de ce fait. Pour l’éviter à l’avenir, il leur fait faire preuve de créativité et de détermination.
Melun Val de Seine, agglomération d’environ 140 000 habitants, souffre d’un manque d’emplois locaux. Le ratio nombre d’emplois sur nombre d’habitants actifs se situe à 9,2/10, en-dessous de la moyenne en Ile-de-France. Ils sont des dizaines de milliers à prendre tous les jours le train pour aller travailler à Paris ou dans d’autres villes de la région. Afin d’améliorer leur sort, l’agglomération veut s’inspirer du fameux « vivre et travailler au pays ».
Avec la lutte contre les gaz à effets de serre, on y revient, en recommandant de réduire les déplacements. Mais pour Gilles Battail, maire de Dammarie-lès-Lys et 1er vice-président de Melun-Val-de-Seine, cela va plus loin. « Nous avons une responsabilité qui dépasse la préservation du climat et touche au mode de vie », a-t-il confié à L’Usine Nouvelle. Le temps que nos concitoyens ne consomment pas dans les transports, c’est du temps qu’on leur rend. »
Il sait de quoi il parle. Au Conseil régional d’Ile-de-France, il préside la commission logement et aménagement. Il a d’emblée indiqué la solution : faire venir des activités productives ou de services, créatrices d’emplois. Pour cela, Melun Val-de-Seine, où il est également chargé de l’aménagement du territoire, est assez bien placé. Labellisée « terroir d’industrie », elle accueille notamment l’usine d’assemblage des moteurs d’avion du groupe Safran, dans le pole aéronautique de Melun-Villaroche.
Mais Gilles Battail a aussi très vite touché du doigt la difficulté : le foncier manque. L’agglomération dispose de terres agricoles, sur 38 % de sa superficie, mais elle n’entend pas y toucher, afin de préserver son cadre de vie et le charme de ses villages et bourgs ruraux.
En revanche, elle est prête à limiter la construction de nouveaux logements, pour éviter l’effet cité-dortoir, ce qui laisse un peu de marge.
Déboires et succès
Le peu d’espaces disponibles a empêché la poursuite du projet de construction d’une « gigafactory » du constructeur automobile américain Tesla, qui exigeait un terrain de 300 hectares. L’usine a finalement été inaugurée cette année… à Grünheide, dans le Brandebourg, aux portes de Berlin. Le même sort a failli être réservé à un sous-traitant de Safran, qui souhaitait installer ses propres ateliers à proximité de l’usine. Il a fallu une détermination sans faille pour surmonter les mille obstacles, jusqu’aux plus imprévus, et construire le bâtiment dont l’inauguration est prévue l’an prochain.
Pour d’autres projets, c’est la créativité des aménageurs qui a été la clé du succès. Ainsi, une plateforme logistique Colissimo, avec plusieurs centaines d’emplois à la clé a vu le jour, parce que sa reconversion à terme a été prévue à l’avance. Au même endroit, dans la Zone d’activités économiques (ZAE) de Montereau-sur-le-Jard, la société de commerce en ligne Zalando a pu construire un nouvel entrepôt mais en limitant l’emprise au sol grâce à une structure innovante à deux étages.
Il reste aussi des friches industrielles à exploiter. Quelques-unes résultent de tentatives avortées dans les ZAE, mais elles sont souvent petites. D’autres, plus grandes, comme les 130 ha en bord de Seine à Dammarie-lès Lys, sont lorgnés par nombre de promoteurs et d’investisseurs, mais elles doivent être au préalable dépolluées à grand frais.
Crédit photos : Dbrnjhrj – AdobeStock.
Vous souhaitez vous exprimer sur un sujet ?