SEINE-ET-MARNE : RÉSURRECTION DE LA TUILERIE DE BEZANLEU

Le jour où Désiré et Solange Sankara ont découvert cet étrange endroit, leur vie a changé. Captivés par la beauté de l’ensemble et sa force d’évocation, contrastant avec le calme des lieux et le vertige de leur abandon, ils se sont rendu propriétaires de la tuilerie de Bezanleu, de ses 17 bâtiments et des terrains autour, situés à Treuzy-Levelay. Celle-ci avait été inscrite en 1989 aux Monuments historiques.

Puis, ils se sont lancés dans les travaux. Arbustes, ronces et herbes envahissantes ont disparu et la vieille forge a été restaurée et transformée en habitation. 

Leur projet s’est précisé au fil du temps. Ils entendent redonner vie à la tuilerie et l’ouvrir à plein d’autres activités, tout en préservant son architecture industrielle à l’ancienne et en conservant les savoir-faire traditionnels qu’elle concentrait. Pour Désiré, « il y a une sorte de magie dans ce lieu ». Il voudrait que ceux qui y viennent puissent « visualiser la création d’une tuile et se projeter dans l’atmosphère de l’époque ». 

Il y a été aussi encouragé par un ancien ouvrier, Christophe, qui a connu le déclin de l’activité, dans les années 80. Ses souvenirs et son aide leur ont été précieux. « J’étais surtout chargé de remplir et vider les fours gallo-romains, raconte-t-il. Mon moment favori, c’était la sortie des tuiles du four, on pouvait voir comment le feu sublimait chaque tuile avec des couleurs différentes. » Il confie pour conclure qu’il est « heureux que quelqu’un reprenne ce magnifique patrimoine industriel local. » 

Les projets 

C’est bien l’intention des Sankara. Ils ouvrent les lieux depuis 5 ans à l’occasion des Journées du patrimoine et aimeraient bien le faire toute l’année. « La France n’a pas que des châteaux à rénover, dit Désiré, elle possède aussi un patrimoine industriel dont il faut bien prendre soin. » Son souhait, c’est que les habitants du canton s’associent au projet, comme certains ont commencé à la faire, pas seulement par de petits dons, mais aussi en prenant part aux rénovations et à la vie de la tuilerie. 

A ce propos les idées ne manquent pas : relancer si possible l’activité de fabrication, avec l’aide d’artisans locaux ; installer un musée avec les vieilles machines qui ne pourront pas reprendre du service ; créer un café-concert pour tous ; aménager en théâtre de verdure les clairières dans le bois qui jouxtent la tuilerie…

Le cercle vertueux des aides 

Leur énergie communicative leur a permis d’avancer en dépit des difficultés. Le conseil départemental de Seine-et-Marne leur a attribué un crédit de 45 000 euros pour restaurer la longue halle de séchage. Ils ont aussi reçu une aide de la région Ile-de-France. Ils ont eu recours au crowdfunding via le site spécialisé Dartagnans. 

Puis, des amis les ont branchés sur la Fondation du patrimoine et sa sélection pour le loto du même nom qu’anime Stéphane Bern. L’an dernier, Solange Sankara a monté un dossier éloquent. Au bout d’une attente interminable, elle a appris que leur projet était retenu au titre de la Seine-et-Marne. Au bout du  compte, ils vont pouvoir consacrer aux travaux une nouvelle subvention de 300 000 euros.

Les 17 et 18 septembre, à la faveur des prochaines Journées européennes du patrimoine, on peut aller voir le chantier de la tuilerie de Bezanleu et admirer sa belle et vieille architecture heureusement préservée. 

Crédit photos: GettyImages.