« SILHOUETTE MON AMIE, MON ENNEMIE », UN LIVRE DU DOCTEUR DOMINIQUE-ADÈLE CASSUTO

Une rencontre décisive

Silhouette, mon amie, mon ennemie* est né d’une discussion lors d’une rencontre fortuite avec la docteur Dominique-Adèle Cassuto, une endocrinologue absolument passionnante, au verbe ardent. Engagée dans la lutte contre la stigmatisation et la grossophobie au sein de différentes associations, elle accompagne depuis longtemps des adolescentes et adolescents à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris.

Elle nous a raconté combien elle remarquait dans sa patientèle un véritable changement ces dernières années, beaucoup plus de problèmes de dysmorphophobie, de troubles du comportement alimentaire, et en regard, ce constat : les critères de beauté promus sur les réseaux sociaux sont à la fois de plus en plus exigeants et de moins en moins réalistes.

Les réseaux sociaux, juste une caisse de résonnance plus importante ? 

Les influenceurs et les stars de la téléréalité nous tendent certes un miroir très déformé. Mais les standards d’une beauté idéalisée véhiculés par les médias ne sont pas un phénomène nouveau. Ce qui diffère aujourd’hui, c’est que les jeunes ne se confrontent plus exclusivement à des corps de mannequin, mais également à leurs pairs sur les réseaux, la relation sociale se développant aussi de manière numérique, désincarnée.

Dans cet espace où l’on se donne à voir, l’enjeu devient de diffuser une image de soi maîtrisée et scénarisée, qui sera sanctionnée par des likes. À force, les frontières entre un idéal fictionnel et la réalité sont brouillées, le mécanisme de la comparaison et la quête du like conduisent à s’inquiéter démesurément du regard des autres et à nourrir des complexes que ne tempérera pas l’afflux des « recommandations » orientées.

La conséquence est hélas préoccupante : on constate chez les adolescents une explosion de l’insatisfaction de leur image corporelle, de l’anxiété sociale, des troubles alimentaires et dépressifs… Dr Cassuto l’expérimente chaque jour dans son cabinet.

Voilà pourquoi, de cette discussion informelle, un livre s’est imposé, qui s’adresse directement aux collégiens et lycéens, mais qui peut aussi être grandement utile aux parents et au personnel pédagogique ou soignant.

Une parole référente et décomplexante

Il n’est pas question ici de proscrire les réseaux sociaux, de toute façon incontournables, d’autant que leur influence peut aussi être bénéfique ; ce sont des lieux d’échange, de sociabilisation, et l’on n’y trouve évidemment pas que des injonctions à la minceur ou au corps modelé selon tel ou tel critère. Il s’agit plutôt de prévenir des dangers, d’appeler à être vigilants face aux algorithmes et l’effet bulle qui réduisent notre vision du monde à ce que nous validons déjà, ce qui nous ressemble, paysage uniforme et stérile, et qui finissent par éteindre notre regard critique.

Mais ce n’est pas qu’un livre sur les réseaux sociaux, c’est avant tout un livre sur l’image du corps, pour aider les adolescentes et adolescents à prendre la mesure du décalage entre la perception que l’on a de son propre corps et sa réalité, à comprendre ce qui motive la volonté excessive de perdre du poids, de se sculpter ou de se conformer à une image idéalisée et inaccessible, à ne plus se sentir seuls face aux maux de la silhouette.

Cet ouvrage décomplexant est d’autant plus engageant qu’il est nourri de témoignages d’ados et animé par des illustrations pleines d’humour, qui prennent le contrepied des stéréotypes de représentation habituels.

C’est un véritable outil pour déconstruire les idées reçues sur la silhouette, combattre les discriminations, avoir une pratique éclairée des réseaux et par-dessus tout s’accepter. Un guide nécessaire en somme.

Garance Giraud, Responsable éditoriale, Editions La Martinière Jeunesse.

* Silhouette, mon amie, mon ennemie, de Dr Dominique-Adèle Cassuto, illustré par Titeepex, paru aux Éditions de La Martinière Jeunesse.

Crédit photos: Rawpixel.com- Shutterstock – Les Editions La Martinière.