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TRAITEMENT DE L’OBÉSITÉ : QUOI DE NEUF EN 2022 ?

L’épidémie de Covid-19 a malheureusement contribué à sensibiliser l’opinion publique aux conséquences de l’obésité sur la santé. Mais, au-delà de son caractère aggravant dans le cadre de la crise sanitaire que nous traversons actuellement, l’obésité est aussi responsable de nombreuses maladies chroniques : diabète, hypertension artérielle, hypercholestérolémie, hypertriglycéridémie, apnée du sommeil, foie graisseux (stéatose hépatique)...

Elle est également un facteur de risque de la survenue d’un cancer, en particulier le cancer colique, du pancréas, le cancer du sein, de l’utérus et de la prostate.

Si la chirurgie bariatrique est souvent évoquée dans le cadre des traitements de l’obésité, les patients disposent aujourd’hui d’un large panel de solutions, qu’elles soient en effet chirurgicales ou non, permettant aux spécialistes de leur proposer celui qui sera le plus adapté à leurs besoins. Faisons le point sur les récentes évolutions de la médecine en la matière.

Perdre du poids avec les régimes ?

Sandra Aamodt, neuroscientifique, signale que le cerveau a un point d’ajustement : il sait quel est votre poids de forme et régule votre appétit en fonction de cela.page1image38836032

Les régimes restrictifs (hypocaloriques, hyper-protéinés…) exposent au phénomène de yoyo. La restriction de l’apport en calories entraîne la sécrétion d’hormones de stress, qui favorisent la reprise de poids. Les études suggèrent que les tentatives visant à exercer un contrôle strict sur la nourriture ont un effet contre-productif car elles favorisent l’envie de manger. Par ailleurs, la perte de masse musculaire induite par un régime restrictif diminue aussi la dépense énergétique au repos.

Plus constructif, le suivi diététique avec un rééquilibrage alimentaire permet de retrouver son « poids de forme », soit le plus souvent une perte de poids de l’ordre de 3 à 5 % du poids initial.

Ce n’est malheureusement pas toujours le poids que l’on désire… La plupart des personnes en situation d’obésité perdent ainsi leur motivation au bout de quelques semaines, car la perte de poids dans ce cadre spécifique se fait sur des temps longs, trop longs par rapport à ce qu’ils espèreraient.

Comment obtenir une perte de poids plus importante ?

Quoi de neuf avec les traitements médicaux ?

L’Orlistat existe depuis de nombreuses années : il bloque l’effet d’une enzyme du pancréas (la lipase), ce qui empêche l’absorption des graisses. La prise de ce médicament peut entraîner une perte de poids de 4 à 5 kg.

Traitement innovant et tout récent, le SAXENDA, commercialisé en 2021, s’administre par des injections sous cutanées quotidiennes pendant plusieurs mois. Ce médicament entraîne quant à lui une perte de poids d’environ 10 kg.

Ces traitements, délivrés sous prescription médicale, ne sont cependant pas pris en charge par la sécurité sociale.page1image38831616page1image38834688

L’engouement pour les techniques non-chirurgicales

Ballons gastriques, sleeve gastroplastie endoscopique ou endosleeve, leur efficacité démontrée pour traiter les maladies liées à l’obésité explique le recours de plus en plus important à ces techniques, et ce depuis 4 ans maintenant : environ 4 000 ballons sont posés et 700 sleeve gastroplasties endoscopiques sont réalisées en France chaque année.

De nombreuses études scientifiques ont montré l’efficacité du ballon gastrique sur la perte de poids (10 % du poids initial) et pour soigner (voire guérir) les maladies associées à l’obésité comme le diabète, le foie graisseux…

L’endosleeve (ou sleeve gastroplastie endoscopique) permet quant à elle de réduire la taille de l’estomac, sans intervention chirurgicale, à l’aide de sutures réalisées au cours d’une fibroscopie de l’estomac. En pratique, ce dispositif permet de ralentir la vidange des aliments solides – ce qui permet de diminuer les quantités de nourriture absorbées, tout en augmentant le sentiment de satiété. C’est une procédure dont les suites sont simples.

Selon d’autres études scientifiques, la perte moyenne à 6 mois après une endosleeve est de 17 % du poids initial des patients. Par exemple, un patient pesant initialement 90 kg perd en moyenne 18 kg avec une endosleeve, en l’espace de 6 mois. Lorsqu’un suivi diététique comportemental et la reprise d’une activité physique régulière sont associés à la procédure, cette perte de poids peut se maintenir jusqu’à cinq ans9 et plus. Ces études ont aussi confirmé l’efficacité de l’endosleeve sur l’amélioration des maladies associées à l’obésité.

Quid de la chirurgie bariatrique ?

Lorsque l’on est dans une situation d’obésité plus sévère (indice de masse corporelle supérieur à 40, ou supérieur à 35 avec des maladies liées à l’obésité), on peut bénéficier de la chirurgie de l’obésité.

60 000 interventions sont ainsi réalisées en France chaque année. Par ailleurs, une évaluation par l’HAS est en cours sur la pertinence de proposer des interventions chirurgicales à des patients présentant un diabète de type 2 associé à une obésité modérée ou à un surpoids : c’est le concept de « chirurgie métabolique ».

En matière de chirurgie bariatrique, différentes solutions existent. La sleeve gastrectomie, qui consiste à retirer les 2/3 de l’estomac, est la plus fréquente des interventions (elle constitue 59 % des opérations de chirurgie bariatrique réalisées en France). La pose d’un anneau gastrique (3,7 % des interventions) consiste quant à elle à créer une poche de taille réduite, permettant de digérer lentement les aliments. Ce sont des techniques dites « restrictives ». Enfin, le Bypass (31 % des opérations) réduit la taille de l’estomac et réalise un court-circuit d’une partie de l’intestin, ce qui entraîne une diminution de l’absorption des aliments.

L’efficacité de ces interventions dans le traitement de l’obésité n’est plus à prouver, mais lorsque l’on opte pour ce type de solutions, il est important de prendre en considération le fait qu’elles ont aussi des taux de complications non-négligeables. Elles peuvent en effet engendrer des fistules gastriques (dans 2 à 3 % des cas) et des hémorragies (dans 2 à 4 % des cas) pour la sleeve gastrectomie et le Bypass.

La sleeve gastrectomie expose enfin au risque de reflux dans 10 à 20 % des cas. Un médecin spécialiste du traitement de l’obésité saura répondre aux interrogations des patients quant à la balance bénéfices/risques, et les aiguiller vers le traitement le plus adapté selon son cas spécifique.

Soulignons enfin que, tout comme avec les solutions non chirurgicales, les effets positifs sur la perte de poids de ce type de techniques ne seront durables que si elles sont associées avec un suivi diététique et la reprise d’une activité physique…

Le suivi holistique pour prendre du poids de façon durable ?

Quel que soit le traitement retenu (médical, endoscopique ou chirurgical), il est en effet essentiel de se faire aider par des professionnels de santé (diététiciennes comportementales, éducateurs physiques, psychologues…) pour modifier sur le long terme son comportement alimentaire et reprendre une activité physique régulière, seuls garants d’une perte de poids durable.

L’approche diététique comportementale permet aux patients de mieux écouter et accepter leurs envies de manger émotionnelles, sans vouloir les ignorer et se les interdire, mais sans addiction. Il faut aussi apprendre à manger en pleine conscience, en dégustant chaque bouchée, pour retrouver le plaisir de manger. Il est à noter que lorsque la prise de poids est liée à des problèmes émotionnels ou qu’il existe des troubles important du comportement, une prise en charge psychologique est parfois nécessaire en parallèle.

Cet accompagnement peut s’effectuer en présentiel ou à distance, ce qui permet de mieux l’intégrer dans son emploi du temps. Une étude a montré que le suivi en ligne est aussi efficace sur la perte de poids lorsqu’on se fait poser un ballon gastrique.

En conclusion, si l’épidémie de Covid-19 a mis en lumière l’impact négatif de l’obésité sur la santé et son caractère aggravant face à ce type de pandémie, la médecine continue de faire des progrès en matière de traitement de cette dernière. Les récentes avancées médicales permettent désormais aux patients de bénéficier d’un plus large panel de solutions, adaptées à leur situation personnelle, leur permettant de traité l’obésité et de prévenir ses conséquences, bien avant qu’elle ne devienne sévère et n’engendre des conséquences encore plus néfastes sur leur santé.

Par le Docteur Vianna COSTIL, spécialiste en gastro-entérologie, hépatologie et nutrition.

A propos de l’auteur, le Docteur Vianna Costil : Gastroentérologue, ancien CCA et ancienne attachée des hôpitaux de Paris, le Docteur Vianna Costil est investie dans la prise en charge de l’obésité et l’endoscopie bariatrique depuis de nombreuses années. Elle est responsable de la commission endoscopie métabolique et bariatrique de la Société Française d’Endoscopie Digestive.

Crédit photos: Kostiantyn Voitenko- Shutterstock.

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