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CHÂLONS-EN-CHAMPAGNE : UN BIKER AUX MULTIPLES FACETTES

Interview confinée d'un aficionado du BMX. Rencontre.

Présentez-vous, qui êtes-vous ? Vos passions ? 

Mustapha Meghaizerou, Bmx Flatlander depuis 24 ans, j’ai de multiples passions, je suis également sculpteur et Filmmaker, je pratique aussi depuis 10 ans un art martial qui s’appelle le Wing Chun, c’est de la boxe chinoise.

Comment votre passion pour le BMX a commencé ? Pouvez-vous nous en dire plus sur cette discipline ? 

J’ai toujours aimé les sports extrêmes pour de multiples raisons. Principalement, c’est pour la liberté que ça procure et la créativité qui est sans limite, pas de règle à pratiquer, juste pratiquer en tous cas pour le Bmx Flatland, il te faut un vélo 20 pouces 4 cales pieds, frein ou pas frein, c’est comme toi tu veux. 

Je regardais beaucoup les matchs NBA avec mon grand frère, on ne ratait jamais les dunks de Michael Jordan ou les 3 points de Larry Bird. J’avais 11 ans quand j’ai vu, à la mi-temps, un gars faire des figures avec un Bmx et j’ai trouvé ça super cool, 1 heure après j’étais dehors avec le Bmx de mon frère, j’essayais de cabrer, de sauter, de déraper.

24 ans après, ce sont les mêmes sensations à une différence près, je me suis tellement entraîné avec de la musique dans les oreilles que je me les suis éclaté, j’ai des acouphènes, maintenant plus de musique dans les oreilles sinon je vais finir sourd. 

La discipline du Bmx Flatland est née dans les années 80. Les pionniers sont Kevin Jones et Chase Gouin qui ont créé toutes ces figures et non jamais cherché la gloire. 

J’ai beaucoup de respect pour eux, j’ai eu la chance de rencontrer Chase Gouin il y a 10 ans à Montréal par le biais d’un ami musicien qui s’appelle Chris Refano. 

Un jour, il me dit : « Allons au centre ville de Montréal, Chase Gouin est ici en vacances”. Cela reste l’un des plus beaux jours de ma vie. 

Merci à lui, car c’est difficilement explicable ce que j’ai ressenti. Imagine, tu joues au foot et tu passes une aprem à jouer avec Zinedine Zidane. Ce que je retiens le plus de Chase, ce sont les figures impressionnantes et surtout une personne humble et respectueuse pour tous les riders qui l’entouraient ce jour-là. 

Le Bmx Flatland est avant tout une discipline acrobatique qui se pratique généralement sur un parking plat, pour résumer simplement, tu apprends une figure, deux figures, ensuite tu les enchaînes sans poser le pied, bien sûr c’est plus que ça, pour moi c’est une philosophie de vie, une façon de vivre.

A quoi ressemble une journée d’entraînement en cette période délicate de couvre-feu/confinement ? 

L’entraînement physique est toujours le même. Chaque matin est une oxygénation obligatoire. Après le café, c’est la sortie. Généralement je pédale avec mon Fixie pendant une heure ensuite, je fais toujours un check mécanique de mon Bmx, l’après-midi est consacrée à l’entraînement Bmx pendant 2 à 3 heures. Je note toutes mes figures sur un petit calepin pour me rappeler des combinaisons, j’ai toujours fait ça, comme je vieillis, je les note encore plus “rires”.

Il faut vraiment aller bien dans sa tête, se libérer l’esprit, se relaxer, sinon l’entraînement est souvent cassé. Malheureusement, toutes ces contraintes sanitaires ont changé la donne, mon emploi du temps s’est modifié. La majorité de mes dates de spectacle ont été annulées. Pendant le premier confinement, j’ai fait une pause, j’avais peur de me blesser à l’entraînement et d’aller à l’hôpital alors que ce n’était pas le moment. Par la suite, j’ai repris confiance en moi et j’ai pu reprendre l’entraînement plus sérieusement. Je vous assure que ce n’est pas facile quand on a l’habitude de s’exprimer quotidiennement et que d’un coup tout se bloque. Malgré tout, je suis toujours optimiste et je le resterai face à cette situation mondiale, je n’ai pas peur.

Votre carrière de rider en quelques mots ?

Grâce au bmx, j’ai pu voyager dès l’âge de 15 ans que ce soit pour les compétitions ou pour les démonstrations spectacle, je n’aurais pas pu imaginer tout ça.

Le monde du sport extrême est vraiment une famille, entre rider c’est un langage, on se retrouve sur un spot et on échange nos figures en Jam, peu importe ton niveau, peu importe qui tu es, la seule condition c’est de s’amuser avec son vélo.  

@Mustapha Meghaizerou pendant une représentation à Montréal ©Cirque du Soleil

Le cirque du soleil est une entreprise géniale. Ils m’ont donné une opportunité de rencontres culturelles. C’était pour son 25ème anniversaire, le destin est bon, j’étais à Montréal quand ils m’ont contacté, ils montaient un spectacle pour l’anniversaire du cirque. C’était super de mélanger les disciplines de sport extrême avec celle du cirque. Je ne suis pas le premier Biker à avoir travaillé pour le cirque du soleil, d’autres l’avaient fait avant moi.

Le Bmx se répand de plus en plus dans différentes structures. C’est génial, ça peut donner l’envie à de nouveaux riders de pratiquer. Bien sûr aujourd’hui avec les réseaux sociaux, le Bmx est facilement visible. Un nouveau rider qui veut apprendre se connecte sur Youtube et il tombera sur des riders qui font des tutos super. 

Quand j’ai commencé le Bmx en 1996, il n’y avait pas internet, tu étais obligé de te déplacer sur Paris pour voir des bikers pour apprendre ou tu commandais une VHS Bmx “rire” aujourd’hui en quelques clics c’est réglé.

Quel est votre tricks préféré et pourquoi ?

Je ne sais pas vraiment quels tricks, je dirais que c’est plus une sensation, un ressenti d’enchaîner des figures. J’adore les tricks ou tu scuff (pied qui glisse sur le pneu), les rollings (figure où tu roules sans toucher les pneus) et les spin. J’appartiens à la génération middle school. A cette époque, c’était principalement du scuf et du rolling, la newschool génération est plus Spin. J’essaie de mélanger les deux générations, mais ce n’est pas évident tout le temps, c’est des heures de répétition et certains tricks passent et d’autres jamais. Je pense que pour faire du Flat, il faut être un moine “rires”. Parfois, le vélo prend son envol, c’est la crise de nerfs. 

Il n’y a pas de limite aux figures, tout est illimité, chaque rider apporte sa pierre.

Parlez-nous de vos autres passions pour le montage vidéo et la sculpture… Qu’est ce que vous procure la création? 

J’ai toujours eu besoin de créer, peu importe la forme, le fond reste toujours le même: la liberté. Je pense que je n’ai jamais voulu devenir un adulte. La création évite de vieillir trop vite et je trouve que faire ceci ou faire cela exclusivement sont des conventions dangereuses.

@Mustapha Meghaizerou scrutant le bon spot pour capter les émotions de l’image à partager.

J’ai toujours été cinéphile car mon père nous a transmis sa culture cinématographique. J’ai toujours aimé la couleur des films, la musique. Je voulais essayer de mettre des images et de la musique derrière et un jour, j’ai eu l’opportunité de faire un court-métrage, je n’y connaissais rien du tout. J’ai écrit un scénario, je veux dire, j’ai « essayé » d’écrire un scénario, et j’ai contacté un ami qui s’appelle Romain Berthiot, caméraman, et c’était parti pour une belle collaboration, un monde totalement nouveau pour moi mais tellement excitant. 

Ça continue toujours, j’ai réalisé différents court-métrages et documentaires.

Pour les sculptures, toujours la même liberté. Je travaille surtout l’abstrait et je n’aurais pas pu faire autrement car suivre un dessin aurait été impossible. 

J’aime ce que ça me procure. A vrai dire, je commence avec un bloc de béton, je commence à le casser et je suis les choses, je suis le mouvement.

@Mustapha Meghaizerou au sommet de sa passion, sculptant la prochaine pièce de sa collection.

Que ce soit avec une caméra, un pinceau ou un vélo c’est la même chose, je n’ai jamais cherché la gloire, le succès, ou la carrière. Je fais parce que j’aime profondément tout ça.

Je pense que la création et le sport permettent l’équilibre.

Et si nous devions vous souhaitez quelque chose pour 2021 ?

Un chèque de 4 millions de dollars, ça serait super gentil, (rires).

J’ajouterai que la rencontre et l’échange permettent de s’épanouir. je n’aurais pas réussi à faire les choses seul. J’ai une famille super qui m’a toujours soutenu, ma femme me pousse sans cesse à aller plus loin et des rencontres dans ce sport comme Armin Batouméni, Christophe Dassié, Manu Massabova qui ont été décisifs dans ma passion et beaucoup d’autres personnes, Chris Refano, Jean William Prévost, tellement de personnes sans qui tout ça n’aurait pas été possible. 

Crédit photos: Mustapha Meghaizerou.

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