YONNE : MICHEL SAINT-ANTONIN, « IL NE FAUT JAMAIS OUBLIER LA DIMENSION HUMAINE DE L’ENTREPRENEUR »
Le MEDIAA : Pouvez-vous nous présenter le dispositif que vous venez de mettre en place dans le département ? Michel Saint-Antonin : L’association Apesa 89 est affiliée à Apesa France. Ce réseau a été créé en 2016 au palais de justice de Saintes (Charente-Maritime) pour permettre aux entrepreneurs de bénéficier d’une assistance psychologique en cas […]
Le MEDIAA : Pouvez-vous nous présenter le dispositif que vous venez de mettre en place dans le département ?
Michel Saint-Antonin : L’association Apesa 89 est affiliée à Apesa France. Ce réseau a été créé en 2016 au palais de justice de Saintes (Charente-Maritime) pour permettre aux entrepreneurs de bénéficier d’une assistance psychologique en cas de problèmes financiers qui entrainent ipso facto des problèmes d’ordre personnel qui peuvent aboutir, dans les situations les plus extrêmes, jusqu’au suicide. Ce dispositif s’adresse à tous les types de chef d’entreprise quel que soit leur statut, à tous ceux qui sont en dehors du ressort de la Médecine du travail. Nous avons d’ores et déjà reçu le soutien des syndicats patronaux, des organismes consulaires, de la Fédération française du bâtiment (FFB), de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) et de la ville d’Auxerre
LM : Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
MSA : Cela fait huit ans que je suis juge au tribunal de commerce d’Auxerre. Lorsque je siégeais à la chambre du conseil des liquidations, je voyais beaucoup de souffrance chez des chefs d’entreprise qui avaient parfois tout perdu. J’étais abattu. La détresse psychologique est un problème ancien mais avec la crise de la Covid-19, il va y avoir beaucoup de laissé-pour-compte même si aujourd’hui les conséquences dans l’Yonne ne se font pas encore trop sentir. Un chef d’entreprise qui ne va pas bien a tendance à se renfermer sur lui-même et a du mal à se confier. Nos institutions sont très efficaces sur le plan juridique, plutôt efficaces d’un point de vue économique mais moins sur le plan humain, nous oublions très souvent que derrière une entreprise il y a des Hommes.
LM : Comment fonctionne cette aide psychologique ?
MSA : Il y trois voies qui permettent de signaler ces entrepreneurs en souffrance. La première se fait par une fiche d’alerte rédigée par un conseiller spécialement formé que ce soit dans les chambres consulaires, les organisations patronales, syndicales ou même dans les services fiscaux. Ce signalement est directement transmis à une plateforme mutualisée. En une heure, un psychologue du réseau contacte l’entrepreneur en souffrance et l’oriente vers un psychologue local pour qu’il lui fasse part de ses difficultés. La deuxième voie, est un numéro vert, le 0805.65 50.50, qui permet aux entrepreneurs de joindre spontanément un psychologue sur la plateforme. Il existe une troisième voie : elle permet à tout à chacun de joindre l’Apesa lorsqu’il constate qu’un entrepreneur est en souffrance.
LM : Quelle est la situation des chefs d’entreprise dans le département ?
MSA : Pour le moment et c’est peut-être paradoxal, il y a moins d’entreprises en difficulté cette année qu’à la même période l’année dernière. Les mesures gouvernementales ont été très efficaces et ont mis sous l’éteignoir les difficultés de certaines entreprises. Il faut espérer que cet « effet d’aubaine » ne se traduit pas à l’avenir par une explosion des liquidations judiciaires ou une accumulation des situations critiques.
Plus d’informations sur apesa-france.com
Vous souhaitez vous exprimer sur un sujet ?