YONNE : TÉLÉTRAVAIL, TIERS-LIEUX ET COWORKING, L’ANALYSE DE SIMON LAURENT
Celui qui conseille, aujourd’hui, les collectivités territoriales sur la mise en place des nouveaux usages s’explique. Simon Laurent : Les tiers-lieux numériques sont des endroits qui, par nature, sont fortement numérisés. Dans les structures où il y a un espace dédié au coworking, se trouvent du matériel informatique et une connexion internet de bonne qualité. […]
Celui qui conseille, aujourd’hui, les collectivités territoriales sur la mise en place des nouveaux usages s’explique.
Simon Laurent : Les tiers-lieux numériques sont des endroits qui, par nature, sont fortement numérisés. Dans les structures où il y a un espace dédié au coworking, se trouvent du matériel informatique et une connexion internet de bonne qualité. Elles ont aussi vocation à la médiation puisqu’il existe dans ces lieux une communauté qui peut aider les télétravailleurs à s’approprier l’outil et l’environnement. En général, les tiers-lieux ont une identité très forte qui s’appuie avant tout sur l’entraide et la bienveillance.
SL : Les espaces de coworking, qu’ils appartiennent aux tiers-lieux ou à des entreprises privées, proposent une quantité de services annexes identiques à ceux présents en entreprise. Car ce qui ressort du premier confinement, c’est qu’il y a beaucoup de salariés qui ne sont pas à l’aise avec le télétravail à la maison et je les comprends. Dans les tiers-lieux, la communauté constituée très souvent d’indépendants et de chefs d’entreprises est fortement acculturée à l’usage du numérique. Elle constitue un avantage indéniable pour celui qui veut télétravailler et qui souhaite retrouver une ambiance professionnelle.
De plus, les nouveaux télétravailleurs, qui sont souvent des navetteurs qui effectuent des aller-retour entre la province et Paris, ne sont pas tous salariés d’une multinationale. Ils appartiennent souvent à une PME qui n’a pas forcément les moyens financiers de payer une plateforme technique pour gérer les aléas informatiques. La communauté des tiers-lieux joue un rôle précieux dans ce domaine.
SL : Il faut surtout que ce soit un mode de travail choisi par le salarié et non pas subi. Les entreprises françaises ont encore du mal à adapter leurs politiques managériales au télétravail. Elles restent pour beaucoup sur de vieux schémas qui veulent qu’un salarié soit présent sept heures par jour entre leurs murs. Le Législateur doit aussi adapter le Code du travail et la fiscalité des entreprises pour que les mentalités évoluent. Il n’est pas concevable, par exemple, qu’un salarié travaille avec son propre matériel ou paie intégralement les frais de connexion.
D’autre part, les espaces de coworking privés ou associatifs avaient leur clientèle avant le confinement. Ils doivent s’ouvrir maintenant à une autre typologie de travailleurs. En Province, les tiers-lieux n’ont pas de modèle économique abouti. Ce sont des lieux complexes nés de la réappropriation citoyenne de l’espace public où la liberté d’indépendance et la dimension hors-cadre sont ancrées. Ils ont besoin d’un accompagnement des pouvoirs publics.
Le Gouvernement a démontré une intention forte envers ces tiers-lieux mais le danger se serait de les soutenir avec la tentation d’une uniformisation. La force de ces lieux reste leur liberté d’action et leur capacité à trouver des solutions, de se réinventer.
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