YONNE : UN BEAUJOLAIS NOUVEAU AU GOÛT AMER
À Auxerre ou à Toucy, les cavistes de l’Yonne ont, quant à eux, considérablement revu les commandes à la baisse. Pas d’effusions de joie à la sortie des bistrots, ni de chansons grivoises entonnées jusque tard dans la nuit. En ce matin de troisième jeudi de novembre, le réveil a été moins difficile qu’à l’accoutumée […]
À Auxerre ou à Toucy, les cavistes de l’Yonne ont, quant à eux, considérablement revu les commandes à la baisse.
Pas d’effusions de joie à la sortie des bistrots, ni de chansons grivoises entonnées jusque tard dans la nuit. En ce matin de troisième jeudi de novembre, le réveil a été moins difficile qu’à l’accoutumée pour les aficionados du Beaujolais primeur. Confinement oblige, les joyeux lurons et les chantres de la tradition devront se rendre chez leur caviste préféré pour découvrir ce vin nouveau, synonyme de camaraderie. Avec une attestation de sortie dûment remplie.
À la cave indépendante de Toucy, Arnaud Laplanche et son épouse s’attendent à un moment « beaucoup moins festif » que les autres années. Habituellement, ils n’écoulent pas moins de 450 bouteilles de Beaujolais nouveau entre le jeudi et le dimanche. Cette année, les commandes ont été divisées par deux. « Nous avons choisi la prudence, même si nos clients nous appellent ces derniers jours pour s’assurer que nous serons bien ouverts. » Car l’arrivée du Beaujolais nouveau, c’est avant tout un moment de convivialité. « Les autres années, je mets le tablier autour de la taille et nous nous retrouvons autour des tonneaux dans un moment de partage à déguster les vins en mangeant quelques morceaux de cochonnailles… », explique Arnaud Laplanche.
Frustrant, d’autant plus que selon le Poyaudin la cuvée promet beaucoup.
Institution s’il en est, la cave Les Agapes à Auxerre a pris, elle aussi, ses dispositions.
L’établissement aux 1.200 références de vins, de bières et de spiritueux a passé commande de 250 bouteilles au lieu de 900 en temps normal. « Nous pouvons compter sur notre clientèle d’habitués mais avec le confinement, c’est moins de soirées entre amis et forcément moins de bouteilles offertes », explique Marc Ragaine, le patron des lieux, qui regrette lui aussi « ces dégustations qu’on ne pourra pas faire en grignotant un morceau de saucisson ou de fromage ». Celui qui a été élu meilleur caviste indépendant du Monde en 2003 pense aussi aux vignerons du Beaujolais pour qui il va être difficile d’écouler les stocks. Et pour ceux qui n’auront pas pu bénéficier des précieux conseils d’un sommelier expert, Marc Ragaine a publié une vidéo sur la page Facebook de la cave auxerroise dans laquelle il évoque le précieux millésime. Un pis-aller en attendant des jours plus réjouissants.
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